Cookies aux noix et aux dattes

Walnut Date Cookies

Vous vous souvenez peut-être, suite à mes billets sur le gâteau coings et amandes et la gelée de coing, que j’ai une copine dotée d’une maison de campagne et d’une disposition généreuse.

Un dimanche soir il y a une quinzaine de jours, elle rentrait à Paris après avoir passé le weekend là-bas, et elle m’a annoncé qu’elle me rapportait des coings et aussi des noix. C’est assez lourd, m’a-t-elle prévenue, est-ce que je voulais qu’elle passe en voiture me les déposer ? Ce serait super, ai-je répondu, et nous avons convenu de nous retrouver à un endroit qui ne lui ferait pas faire un trop grand détour, et où elle pourrait s’arrêter une minute en double-file sans s’attirer la vindicte des autres automobilistes.

Il fallait quand même faire vite : elle a sorti du siège passager le sac qu’elle m’avait préparé et l’a déposé sur le trottoir. C’est lourd, a-t-elle répété, ça ira ? J’ai soulevé le sac. Ouhlà oui, effectivement, c’était lourd — un grand cabas rempli d’une douzaine de kilos de noix et environ six de coings — mais ça ne me paraissait pas impossible à porter. Je fais du yoga, n’est-ce-pas, et en plus, je bats les oeufs en neige à la main, alors vous voyez. Je lui ai assuré que ça irait, et je l’ai remerciée avant qu’elle ne file.

Et voilà comment je me suis retrouvée sur le boulevard avec mon énorme sac, à quelques rues — des rues qui montent, évidemment — de chez moi. Non seulement il était tard, le sac à chaque pas plus lourd et les poignées plus encastrées dans mes paumes nues, mais en plus, à chaque fois que je m’arrêtais pour mieux repartir en tentant de déplacer le poids sur une jambe puis l’autre, j’avais droit à quelque remarque d’un passant spirituel. (Vous avez remarqué comme les choses pénibles le sont plus encore quand on vous observe avec amusement ?)

Mais j’ai fini par arriver chez moi avec les deux bras encore emboîtés dans les épaules, et maintenant je profite doublement de cette incroyable profusion de noix.

J’en ai donné à mes voisins et à des amis qui passaient par là, et nous travaillons sur le reste avec application. On les mange juste comme ça, avec des fruits ou du fromage, ou bien mélangées à des carottes râpées, en topping sur une soupe de potimarron, glissées dans une pizza ou un gratin, mixées pour faire une tartinade, ajoutées à un granola… On dit que les noix sont excellentes pour la santé du cerveau, et si c’est le cas, je m’attends à recevoir d’un moment à l’autre un coup de fil du comité de sélection du prix Nobel.

Je ne sais pas si ça pourra influencer leur jugement, mais je précise que je suis devenue assez forte en cassage de noix, ayant mis au point une technique d’auto-taylorisation simple mais redoutable : je commence par briser la coquille de toutes les noix à la suite, puis je les ouvre toutes pour récupérer la chair qui se trouve à l’intérieur, et une fois qu’elles sont toutes décortiquées, je termine en séparant les deux hémisphères de la chair pour les débarrasser de la fine écorce qui se trouve au milieu.

Indépendamment des utilisations listées plus haut, j’ai aussi préparés quelques douceurs, dont ces cookies richement garnis de noix et de dattes.

La recette s’inspire de celle des cookies au chocolat et à l’orange que Nolwenn a publiée dans l’excellent livre L’Atelier Bio, et dont Clea a dit beaucoup de bien il y a quelques mois.

J’ai pris la recette de base de Nolwenn, qui ne comporte ni produits laitiers ni gluten, et je l’ai revisitée à ma façon : j’ai remplacé le chocolat et les écorces d’orange par des noix et de la pâte de datte, j’ai ajouté des graines de lin trempées pour le liant, remplacé les flocons de quinoa par des flocons de grand épeautre (avec gluten, donc), ajouté un peu de café de céréales comme épice pour exalter le goût des dattes et des noix, et saupoudré chacun des cookies d’une touche de fleur de sel, ce qui provoque de petits frissons sapides quand on tombe dessus.

Ces cookies sont d’une texture très réussie, croustillante sur les bords et tendre au milieu, et sont particulièrement indiqués pour les sombres après-midis d’automne, quand on a l’impression que le ciel est descendu de quelques étages.

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Pain au levain aux céréales et aux graines

Rien n’est plus bienvenu qu’un cadeau qui se mange lorsqu’on est reçu à dîner, et j’ai remarqué qu’un pain maison fait toujours son petit effet.

Ce que je fais dans ces circonstances, c’est que je m’arrange pour faire cuire notre pain de la semaine le jour où on est invités chez des amis — par exemple ce pain au levain aux céréales — et je fais alors des bâtards, ces pains allongés qui sont comme de grosses petites baguettes. J’en fais trois, j’en mets deux de côté pour nous, et j’apporte le troisième — le plus beau bien sûr — avec nous au dîner.

Dans ma prochaine vie, si je me réincarne en quelqu’un d’extrêmement organisé et prévoyant, je garderai une provision de jolis torchons dans lesquels emmailloter mon pain, de telle sorte que l’ensemble soit mon cadeau. En attendant, je l’emballe dans l’un de mes torchons les plus présentables, et je dis « ah oui, super, merci ! » quand le(la) maître(sse) de maison me le rend.

Dans ma prochaine vie, si je me réincarne en quelqu’un d’extrêmement organisé et prévoyant, je garderai une provision de jolis torchons dans lesquels emmailloter mon pain, et l’ensemble sera mon cadeau.

Evidemment, je les laisse décider s’ils veulent ou non servir le pain pendant le dîner, mais secrètement je préfère qu’ils le gardent pour leur petit déjeuner le lendemain. (Je précise aussi, à toutes fins utiles, qu’il se congèle bien.)

La recette que j’ai utilisée le plus souvent pour apporter chez les gens ces derniers temps, c’est cette recette pain au levain aux céréales, qui donne des pains appétissants et savoureux à la mie généreusement garnie de graines et de céréales.

Elle est basée sur une recette de pain au levain aux céréales de Steve B., dont le blog Bread Cetera est une ressource précieuse pour élargir son horizon boulanger et mieux comprendre les différentes techniques.

Je suis la formule que Steve propose pour la pâte*, avec notamment un trempage préalable des graines et des céréales, et ensuite j’applique la méthode que j’utilise pour faire des baguettes au levain : je prépare la pâte la veille, je la laisse fermenter au frais toute une nuit, et il ne reste plus qu’à façonner et cuire les pains le lendemain.

Et vous ? Vous arrive-t-il d’apporter du pain en cadeau chez vos hôtes ? Si oui, qu’est-ce que vous aimez leur préparer ?

* Avec quelques modifications : je n’ajoute pas de levure commerciale, j’ai ajusté les quantités de levain pour n’indiquer que ce qui est effectivement utilisé dans la pâte, et j’ai diminué les quantités aux deux tiers. Si vous lisez l’anglais, je vous recommande de consulter le billet de Steve et la discussion dans les commentaires.

Pain au levain multigraines et céréales

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Gelée de coing

Je n’ai pas fait beaucoup de confitures ces derniers temps. J’étais très enthousiasmée lorsque j’ai fait mes premières il y a quelques années, mais je me suis vite aperçue que ce n’était pas une activité particulièrement économique : comme j’habite en ville, je n’ai pas besoin de conserver l’éventuelle surproduction d’un jardin ou d’un verger, et au prix où sont les fruits bios, je n’achète pas plus que ce qu’on peut manger en saison.

J’aide parfois ma mère à faire des confitures lorsque je rejoins mes parents quelques jours l’été dans leur maison des Vosges, où il est possible de trouver des barquettes de fruits rouges ou des cagettes d’abricots à un tarif intéressant. Mais à part ces quelques occasions, j’ai mis mes ambitions confiturières en sourdine.

Et puis on m’a fait cadeau d’une belle quantité de coings il y a quelques semaines, et j’ai alors eu envie, en plus des coings pochés et du gâteau aux coings, d’en faire de la gelée, ce qui est l’une des utilisations les plus classiques de ce fruit riche en pectine.

Dans quelques mois, lorsque la gelée aura eu le temps de mûrir un peu, nous ouvrirons le premier pot et nous en étalerons sur nos tranches de pain au levain du matin, avec ou sans une fine couche de beurre demi-sel entre les deux.

Je m’en suis remise au gourou des confitures, Christine Ferber, et j’ai suivi la recette trouvée dans son petit livre très complet, intitulé tout simplement Mes Confitures.

La fabrication de la gelée de coing se fait en deux temps : d’abord, on fait cuire des morceaux de coings entiers (bonne nouvelle, nul besoin de les éplucher !) dans de l’eau. On filtre alors le jus qu’ils ont produit et, après l’avoir laissé reposer une nuit, on le fait bouillir avec du sucre et du jus de citron (l’acidité permet à la pectine de gélifier*) jusqu’à ce que la gelée soit suffisamment concentrée pour prendre.

La quantité de sucre que l’on ajoute à la deuxième étape dépend du volume de jus de coing que l’on obtient à l’issue de la première, et les différentes recette que j’ai consultées vous font ajouter entre 600 grammes et 1 kilo de sucre par litre de jus de coing.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser de façon intuitive, cela ne change rien au taux de sucre dans le produit fini : une gelée prend à condition qu’elle ait été amenée à la température cible de 103-105°C, stade auquel la concentration en sucre est de 65%**. Si on met moins de sucre au départ, la gelée mettra simplement plus longtemps à atteindre cette concentration, parce qu’il y aura plus de liquide à faire évaporer, et on obtiendra une quantité plus faible de gelée.

Certains choisissent de parfumer leur gelée de coing avec de la vanille, de la cardamome, de la cannelle ou d’autres épices chaudes, et je n’ai pas d’objection idéologique à ce sujet, mais j’ai consulté Maxence et nous avons convenu que nous préférions avoir juste le goût du coing pur sur nos tartines.

Parce que bien sûr, c’est l’utilisation première que nous réservons à la gelée lumineuse couleur rubis que mes efforts ont produite : dans quelques mois, lorsqu’elle aura eu le temps de mûrir un peu, nous ouvrirons le premier pot et nous en étalerons sur nos tranches de pain au levain du matin, avec ou sans une fine couche de beurre demi-sel entre les deux. Je suis sûre que ce sera tout aussi bon sur la chair tendre d’un scone au yaourt, et j’ai également l’intention d’en badigeonner mes tartes aux pommes pour leur donner du brillant.

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* Comme Harold McGee l’explique à la page 297 de son indispensable ouvrage de science culinaire On Food and Cooking, l’ajout de jus de citron « augmente l’acidité, ce qui neutralise la charge électrique et permet aux chaînes de pectine éparses de se lier les unes aux autres pour former un gel. »

** « Quand on dissout du sucre ou du sel dans de l’eau, le point d’ébullition de la solution devient plus élevé que le point d’ébullition de l’eau pure. Cette augmentation du point d’ébullition dépend de façon prévisible de la quantité de matière dissoute : plus il y a de molécules dissoutes dans l’eau, plus le point d’ébullition est élevé. Le point d’ébullition d’une solution est donc un indicateur de la concentration de la matière dissoute. » Ibid., pp. 680-681.

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Pizza aux cèpes et aux noix

Pizza aux cèpes et aux noix

C’est un peu la fête des champignons chez nous en ce moment : Maxence et moi sommes partis en expédition cueillette dans la forêt de Rambouillet au début du mois, et nous en sommes revenus, pas peu fiers, avec six kilos et demi de champignons.

Bien sûr, nous ne nous sommes pas improvisés mycologues sans filet : nous étions accompagnés d’une amie expérimentée, qui sait faire la différence entre une Cantharellus cibarius et une Hygrophoropsis aurantiaca, qui a pu nous emmener dans les coins les plus fructueux et nous aider à trouver et à identifier les différents spécimens.

C’était le genre de journée d’automne magnifique qui donne envie de pique-niquer emmitouflé près d’un étang avec des canards, et par chance, c’est exactement ce que nous avons fait : une pause bien appréciée au milieu d’une journée intense passée à balayer du regard le sol de la forêt, en cherchant à détecter un chapeau de la bonne couleur ou des feuilles soulevées juste assez pour révéler le cèpe tapi en-dessous.

Maxence s’est avéré très fort à ce petit jeu-là (lisez : plus fort que moi) et nos paniers se sont vite alourdis de lépiotes, d’une manne exceptionnelle de meuniers, de quelques pieds de mouton, d’un ou deux pieds bleus, et de divers bolets parmi lesquels figurait une quantité inespérée de Boletus edulis, le fameux cèpe de Bordeaux dont la chair succulente ne craint personne au royaume des champignons.

Une fois rentrés, épuisés comme nous le sommes rarement, nous nous sommes attelés à la tâche de trier, nettoyer et préparer notre butin pour cuire les champignons pendant qu’ils étaient encore frétillants de fraîcheur, ce qui a bien pris deux heures. Notre récompense : un carpaccio de jeunes cèpes et des spaghettis aux cèpes pour le dîner, et une belle réserve de champignons et de bouillon de champignons au congélateur pour des repas futurs.

Et une semaine plus tard, un vendredi soir, j’ai utilisé le reste de nos cèpes pour faire des pizzas aux cèpes et aux noix dont le souvenir m’émeut encore en écrivant ces lignes.

J’ai préparé une pâte au levain avec mon fidèle Philémon et rendu le tout végétalien en utilisant du « fromage » de cajou que j’avais fait plus tôt cette semaine là, en lieu et place de la mozzarella. Un filet de l’huile d’olive divine qu’ils utilisent chez Delancey (merci M&B !), un peu de poivre et de basilic déchiré du bout des doigts, et nous nous sommes régalés de ces pizzas d’automne qui faisaient délicieusement honneur aux fruits, euh, aux spores de notre cueillette.

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Une histoire de haricots rouges

Je suis devenue le genre de personne qui écrit des courriers.

Pas à tout bout de champ, rassurez-vous, mais quand j’ai un truc à dire, une interrogation à formuler, une réclamation à adresser, je n’hésite plus. Je ne me dis plus « bof, ça ne changera rien » ; je suis en mode consommatrice impliquée, et j’ai à coeur de faire entendre mon avis. A ma grande satisfaction, il est rare que je n’obtienne pas de réponse.

Dernier exemple en date, j’ai écrit à Celnat, une entreprise basée en Haute-Loire qui distribue divers produits céréaliers en circuit bio (à Paris, plutôt dans les Biocoop). C’est une marque qui m’inspire confiance, et quand il y a le choix pour un produit donné, c’est plutôt vers elle que va ma préférence. En particulier, j’apprécie que l’origine des matières premières soit clairement indiquée, et qu’elles viennent généralement de France ou d’Europe.

Sauf les haricots rouges, qui viennent de Chine. D’où mon mail, que je vous présente ci-dessous, ainsi que (avec l’accord de Celnat) la réponse détaillée que j’ai reçue quelques jours plus tard.

Pour tout vous dire, ça ne m’a pas fait changer d’avis sur les haricots rouges chinois, et je me contenterai d’autres couleurs de haricots en attendant la mise en place d’une filière alternative, mais cette réponse m’a beaucoup intéressée parce qu’elle met en lumière leur démarche, alors même que le processus d’import et de distribution de tels produits bruts (qui fait quoi au juste ?) reste d’ordinaire très opaque pour le consommateur.

Je vous livre donc cet échange, en espérant qu’il vous intéressera aussi.

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