La Cuisine des vacances

Tomates, fromage frais et herbes en Croatie.

Pour vous divertir cet été, j’ai demandé à quelques-uns de mes blogueurs et amis préférés de me parler de leur cuisine des vacances.

J’espère que vous aurez autant de plaisir que moi à lire ces réponses inspirées et inspirantes, qui vous feront voyager au gré des cuisines nomades des uns et des autres.

• La Cuisine des vacances d’Estérelle Payany, qui est auteur culinaire et journaliste pour les magazines ELLE et Régal. Elle tient le blog EsterKitchen, dont les textes légers et érudits me ravissent.

• La Cuisine des vacances de Guillaume Long, qui est un dessinateur de bandes dessinées bien connu des gourmands pour son savoureux blog illustré, A boire et à manger.

• La Cuisine des vacances de Pascale Weeks, qui est l’auteur de C’est moi qui l’ai fait !, le tout premier blog culinaire français. Pascale est aussi l’auteur de plusieurs livres de cuisine, dont le best-seller Cookies, muffins & co.

• La Cuisine des vacances de Blandine Boyer, qui est un auteur et styliste culinaire de Cuisines paysannes et Beurk ! C’est bon : Cuisine délicieuse de produits repoussants.

• La Cuisine des vacances de Flo Makanai, qui est l’auteur du livre Les intolérances alimentaires : Cuisiner gourmand autrement.

• La Cuisine des vacances de Sonia Ezgulian, qui est un auteur culinaire de Petits Ricochets de cuisine et ses Petites Boîtes à manger, deux ouvrages illustrés par les photos de son compagnon Emmanuel Auger.

Une série parallèle est publiée avec des invités anglophones, donc si vous lisez l’anglais, c’est deux fois plus de bonheur.

 

Je remercie mes invités d’avoir pris sur leurs précieuses heures d’été pour répondre à mes questions, et je vous remercie d’avance de l’accueil que vous réserverez à leurs réponses. Portez-vous bien et à bientôt !

Rhubarbe pochée

Ces jours-ci, quand j’arrive au marché des Batignolles le samedi matin — aussi tôt que je peux mais pas aussi tôt que j’aimerais — ma mission numéro un est de mettre la main sur ce qui reste de rhubarbe sur mon stand préféré.

Ma stratégie n’est pas 100% convenable, je l’avoue.

La pile de tiges de rhubarbe se trouve généralement vers le côté droit du stand, coincée entre une cagette de petits concombres et une caisse de petites pommes de terre nouvelles, et à l’heure à laquelle j’arrive sur les lieux (voir plus haut) il en reste tout juste assez pour moi.

Donc au lieu d’attendre que la file d’attente avance suffisamment pour que j’arrive à la hauteur de la rhubarbe, ou pire encore, que ce soit mon tour de commander, je me faufile entre deux clients dans la queue, en m’excusant profusément et en murmurant que j’attrape juste un peu de rhubarbe, je rassemble les tiges qui me plaisent, celles qui sont bien fermes et sans imperfections. Je peux alors me positionner à la fin de la queue et attendre patiemment, une brassée de rhubarbe emmaillotée dans l’un de mes filets à légumes, tranquille dans ma certitude qu’on mangera de la rhubarbe pochée toute la semaine.

J’ai un faible pour la rhubarbe, et il y a plein de choses que j’aime faire avec — notamment cette tarte à la rhubarbe et verveine citronnelle et ce crumble sans beurre — mais au quotidien, c’est de compote de rhubarbe que j’ai envie.

Pendant des années je l’ai cuite doucement avec un peu de sucre jusqu’à ce que les morceaux de rhubarbe s’évanouissent en petits brins fondants, mais cette année j’ai adopté une approche différente qui me plaît encore plus : désormais, je poche ma rhubarbe.

L’idée, c’est de préparer un sirop (pas de panique, c’est juste de l’eau avec du sucre dedans) avec de la vanille dedans, l’amener à frémissement, y plonger de la rhubarbe en petites quantités, et les cuire très brièvement — une minute à partir de la reprise du frémissement — de telle sorte que la rhubarbe soit cuite mais que les tronçons gardent leur forme.

On recommence avec le reste de la rhubarbe en utilisant le même sirop, et on obtient une jolie compote qui demande certes un peu plus d’attention, mais qui est considérablement plus présentable que la version précédente.

J’en mange un peu au petit déjeuner ou dans l’après-midi, éventuellement mélangé avec un peu de granola, et ça fait un très bon dessert aussi, avec des sablés et peut-être un peu de crème fraîche.

Le bonus de cette méthode, c’est qu’il vous restera sans doute du sirop de rhubarbe une fois que vous aurez mangé toute la rhubarbe, et vous pourrez vous servir de ce liquide rose pâle pour sucrer vos yaourts, cuire vos riz au lait et autres tapiocas, imbiber vos babas, ou faire des cocktails qui se la racontent avec du vin blanc pétillant.

Et vous, qu’est-ce que vous aimez faire avec la rhubarbe ?

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43 Idées pour utiliser le shiso frais

Lorsque je suis allée au Japon avec Maxence l’an dernier, un de mes objectifs était de rapporter des graines de shiso pour en faire pousser à la maison.

Shiso, c’est le nom japonais de l’herbe aromatique Perilla frutescens, qui fait partie de la même famille que la menthe. On l’utilise dans un certain nombre de pays d’Asie, mais en ce qui me concerne, c’est par le biais de la cuisine japonaise que je l’ai rencontrée.

La plante existe en version verte ou pourpre. Elle donne des feuilles qui piquent un peu comme le menton d’une vieille tante, et dont le pourtour se découpe en petites dents pointues. Au goût, c’est absolument unique et très aromatique, à la fois herbacé et acidulé. Comme la plupart des herbes feuillues, il vaut mieux l’utiliser à cru, en laissant les feuilles entières ou en les éminçant en chiffonnade.

Le shiso vert a des feuilles plus tendres et plus parfumées que le shiso pourpre, mais cet dernier se rattrape en faisant office de colorant puissant, qu’on utilise notamment pour la préparation des fameuses umeboshi (prunes salées).

J’ai réussi à mettre la main sur des graines de shiso au détour du rayon jardinage complètement déserté d’un grand magasin tokyoïte, et je les ai plantées dans un pot à la fenêtre de ma chambre en rentrant, en guise d’antidote à la nostalgie du voyage. Elles ont germé sans se faire prier, et se sont développées en un petit buisson touffu* dans lequel j’ai pioché avec bonheur pendant tout l’été.

Je n’avais pas utilisé toutes les graines donc j’ai pu en replanter cette année, et pendant que j’attends impatiemment que les premières micro-pousses percent à travers la terre, j’avais envie qu’on parle des divers usages de cette herbe exquise.

Une façon simple de voir les choses, c’est de se dire qu’on peut utiliser le shiso dans n’importe quel plat où on mettrait normalement du basilic ou de la menthe, mais on peut rentrer un peu plus dans les détails.

Comme je l’avais déjà fait pour la sauge et l’oseille, j’ai lancé un appel aux suggestions sur Twitter, et j’ai récolté tout un tas de bonnes idées, que je vous livre avec les miennes ci-dessous. Merci à ceux d’entre vous qui ont participé, et si vous voulez ajouter d’autres suggestions, les commentaires vous sont ouverts !

Voir aussi :
45 Idées pour utiliser la sauge fraîche,
50 Idées pour cuisiner l’oseille.

* Je suis une jardinière enthousiaste mais inexpérimentée et j’ai planté trop de graines par rapport à la taille du pot, donc certaines pousses n’ont pas pu se développer à cause de l’ombre de leurs voisines. Maintenant, je sais !

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Dattes, noisettes, et autres cadeaux comestibles

C’est à une fête d’anniversaire de Chocolate & Zucchini il y a trois ans que j’ai rencontré David, un lecteur originaire de Los Angeles qui passait quelques mois en France. Nous sommes restés en contact en pointillé depuis, et lorsqu’il est repassé à Paris à la fin du printemps, il m’a généreusement apporté un cadeau.

Il m’a offert des dattes « honey dates » cultivées à Indio en Californie par Dates by Davall, et une livre de noisettes rôties à sec du verger Freddy Guys dans la vallée de Willamette* en Oregon. Dans le paquet il a glissé un petit mot expliquant qu’il achète les dattes au marché de producteurs de Santa Monica, et qu’il a découvert les noisettes lors d’un séjour à Portland.

Je déguste ces dattes et ces noisettes avec lenteur et parcimonie, pour que ma réserve dure le plus longtemps possible.

Pour moi, c’est le cadeau parfait.

Non seulement les dattes et les noisettes sont spectaculairement bonnes — les dattes moelleuses et caramélisées comme du toffee, les noisettes croquantes et légères comme du popcorn, et très goûteuses — mais le mariage des deux est divin. Ajoutez un ou deux carrés de chocolat noir, et des angelots se mettent à jouer de leurs trompettes minuscules.

Au-delà du bon goût — au sens propre comme au sens figuré — de ce cadeau, j’adore cette idée simple et élégante d’offrir d’excellents ingrédients qui reflètent le travail de producteurs que je n’aurais sans doute jamais découverts autrement. Et j’aime le fait qu’ils sont rattachés à une histoire un peu personnelle, qui me permet d’imaginer David au marché, goûtant les fruits, s’évanouissant de félicité, et décidant d’en acheter pour ses amis afin qu’ils puissent partager son enthousiasme.

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En Cuisine avec Alain Passard

En Cuisine avec Alain Passard

La collection de bandes dessinées de mon père remplissait une pièce entière de l’appartement dans lequel j’ai grandi. Du sol au plafond, les étagères ployaient sous le poids de plusieurs milliers d’albums, amassés au fil des années et de ses expéditions hebdomadaires dans les librairies spécialisées du Quartier Latin.

Ma soeur et moi sommes donc tombées dedans quand on était petites. Dès qu’on a su lire, on a commencé à lire des bandes dessinées, et là où d’autres enfants regardaient peut-être la télévision (que nous n’avions pas), nous avons passé notre enfance et notre adolescence le nez dans ces albums, découvrant constamment de nouvelles séries adaptées à notre âge (et parfois moyennement adaptées, mais néanmoins instructives) à dévorer.

C’était une époque où beaucoup de gens parlaient encore de bande dessinée avec une certaine condescendance, n’y voyant guère plus que des petits mickeys pour amuser les enfants, mais nous savions les trésors infinis que le genre pouvait receler.

Sagas historiques, univers oniriques ou aventuriers, commentaire social plus ou moins pinçant, science fiction… J’ai relu certaines séries des dizaines de fois, et pendant longtemps la bande dessinée a été la principale fenêtre à travers laquelle j’observais le monde. Les histoires et les personnages que j’y trouvais ont eu un impact plus profond sur moi que les livres que je lisais ou les films que je voyais.

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