Mon enveloppe corporelle a beau être rentrée de Croatie depuis quelques jours, mon esprit est encore là-bas, sur une plage de cailloux blancs, en train de bouquiner dans la lumière de fin d’après-midi tout en me demandant si oui ou non je vais retourner me baigner.
Mon esprit refuse d’admettre que, demain matin, nous ne partagerons pas notre petit déjeuner avec les chatons sauvages qui traînent un peu partout ; que la décision la plus difficile que nous aurons à prendre aujourd’hui n’aura rien à voir avec le coucher de soleil et où s’installer pour l’observer ; et que, même si c’est complètement inique, les figues ne poussent pas sur les arbres par ici.
C’est pour essayer de m’en convaincre, pour tenter de digérer le fait que ces vacances idylliques sont bel et bien finies, que j’ai assemblé ces quelques souvenirs. J’en profite pour remercier chaleureusement les lecteurs qui ont bien voulu me faire part de leurs conseils et recommandations — j’en ai fait une petite liste qui, glissée dans notre guide, s’est avérée d’une aide précieuse.
Voici donc mes morceaux choisis de Croatie, illustrés par ces photos de notre voyage:
Se balader dans le marché de Split (à l’extérieur du Palais, sur son flanc est), passer les allées au peigne fin, et trouver les stands les plus minuscules pour y acheter des mûres sauvages et des figues prêtes à éclater. (Par comparaison, les marchés de Korčula et de Dubrovnik/Gruž étaient un peu décevants.)
Depuis le centre de Split, remonter la colline vers l’ouest à travers les ruelles du quartier de Veli Varoš, y rencontrer mille chats et, une fois installé à la terrasse du café qui se trouve tout en haut, regarder le ciel rosir, un verre de blanc à la main.
Descendre la côte dalmate, découvrir le genre de paysages éblouissants dans lesquels on va vivre pendant une semaine, et s’arrêter pour manger des coquillages et de la pieuvre grillée au Konoba Feral, dans le village de Brela.
Sur l’île de Korčula, comprendre très vite que les meilleurs coins pour se baigner sont ceux pour lesquels il faut souffrir un peu, c’est-à-dire ceux qui nécessitent d’emmener la voiture de location sur les routes les plus rocailleuses, les plus pentues, les plus étroites, avant de découvrir la crique qui se cache tout en bas. (Il faut ensuite s’employer à oublier qu’il faudra bien faire demi-tour et remonter ladite route ; pour l’instant, c’est l’heure de nager.)
Marcher jusqu’au sommet de Kom, une petite montagne au milieu de l’île de Korčula (alt. 508m), ne rencontrer absolument personne sur le sentier, sauf quelques papillons et une auguste chouette, et se régaler de la vue à 360 degrés dont on jouit d’en-haut. Se féliciter de ce que les égratignures qu’on a maintenant sur les tibias soient si bien assorties à la couleur de son vernis ; la nature est bien faite.
Manger des figues sur l’arbre ; s’apercevoir qu’il est extrêmement difficile de s’arrêter. Apprendre à détecter la présence d’un figuier sauvage rien qu’à l’odeur de miel qui s’en dégage.
Dîner sous la treille, goûter le pršut (jambon fumé), les grillades d’agneau et les raviolis au fromage de chèvre qui ont fait la réputation de Konoba Mate, dans le village de Pupnat sur Korčula, un restaurant où tout est fait maison et dont les propriétaires sont d’une gentillesse rare.
Prendre un bateau-taxi de Korčula à Vrnik et passer une journée de quiétude absolue à explorer l’île quasi-déserte (ambiance Myst). Se demander combien ça coûte, un îlot privé.
Dans tous les restaurants, commander une salade d’accompagnement ou une assiette de légumes grillés. S’émerveiller de leur fraîcheur et de la délicatesse avec laquelle elles sont préparées, ce qui est suffisamment rare, quand on voyage, pour être souligné.
Déjeuner au restaurant Kapetanova Kuća à Mali Ston et, par curiosité, goûter le Makaruli, un gâteau aux macaroni recommandé par Hana, une lectrice de C&Z. Avoir des doutes, mais découvrir que c’est effectivement un délice absolu, et se promettre de mettre la main sur la recette.
Arpenter les remparts de Dubrovnik en s’efforçant de faire abstraction de la foule des touristes jacassants pour mieux se concentrer sur les vieilles tuiles, et sur les arbres fruitiers (grenadiers, citronniers, figuiers, pomelos, cognassiers) qui s’épanouissent dans tous les jardins de la ville.
A Dubrovnik, boire un verre au Buža Bar, une enfilade de petites terrasses accrochées à la falaise en contrebas des remparts, d’où l’on voit la mer en grand-angle. Tomber sous le charme de l’endroit, et y retourner le lendemain pour s’offrir une dernière lampée de beauté adriatique avant de rentrer à Paris.
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Konoba Feral Obala Kneza Domagoja 30, à Brela, un village côtier au sud de Split, +385 (0)21 618 909.
Konoba Mate au centre de Pupnat, un village sur l’île de Korčula, +385-(0)20 717 109.
Kapetanova Kuća sur le front de mer à Mali Ston, sur la péninsule de Peljesac, +385 (0)20 754 555.
Buža Bar sur Ispod Mira, le long du côté sud de la vieille ville de Dubrovnik ; suivez le panneau qui dit « Cold Drinks. »
Autres recommandations :
A Split : la cuisine croate sans prétention du Buffet Fife (Obala Trumbićeva 11, +385 (0)21 345 223).
Sur Korčula : les pizzas de chez Doris (Ul Tri Solara à Korčula Ville), les smoothies de Fresh (en face de la station de bus à Korčula Ville), les gâteaux traditionnels de chez Cukarin (à l’extérieur des remparts de Korčula Ville), les spécialités croates de Konoba More (sur le port de Vela Luka, à l’extrême ouest de l’île de Korčula, +385 (0)91 812 768).
Vous pouvez aussi consulter les recommandations des lecteurs de C&Z, et regarder une sélection de nos photos sur Flickr.