Les Parents qui cuisinent : Laurie Colwin

Laurie Colwin fêtant les quatre ans de sa fille Rosa en 1988.

Avez-vous déjà lu l’un des livres de Laurie Colwin ?

Cette auteure américaine, qui vivait à New York, a écrit des romans et a tenu pendant quelques années dans le magazine Gourmet une chronique dans laquelle elle abordait sa vision de la cuisine d’une façon si chaleureuse, accessible et pleine d’esprit qu’il était impossible — et l’est toujours aujourd’hui — de ne pas vouloir l’adopter immédiatement comme meilleure amie. Ces essais ont été publiés en deux recueils — non traduits en français à ce jour, contrairement à ses romans — intitulés Home Cooking: A Writer In The Kitchen et More Home Cooking: A Writer Returns to the Kitchen, et devenus cultes pour les amateurs de savoureuse prose culinaire.

Laurie Colwin est morte soudainement en 1992, à l’âge injuste de 48 ans, et a laissé derrière elle un enfant qui n’avait alors que huit ans. RF Jurjevics, fraîchement trentenaire, est aujourd’hui producteur multimédia — fondant son propre studio Big Creature Media il y a deux ans — et nous avons eu l’occasion d’échanger à l’automne dernier, lorsque l’éditeur Open Road a publié l’oeuvre de Laurie Colwin en e-books pour la première fois et m’a proposé de nous mettre en contact pour promouvoir cette sortie.

J’ai immédiatement sauté sur l’occasion d’inviter à titre posthume Laurie Colwin, pour qui j’ai énormément d’admiration, dans ma série des Parents qui cuisinent où j’explore la façon dont l’arrivée des enfants façonne la cuisine de leurs parents. C’est la première fois que je donne la parole à l’enfant plutôt qu’au parent, et je suis reconnaissante à RF de partager ces souvenirs touchants de son enfance. J’espère que vous apprécierez autant que moi.

Profitez-en aussi pour découvrir les merveilleux livres de Laurie Colwin, et n’hésitez pas à partager vos propres souvenirs et astuces de cuisine pour et avec les enfants !

Entretien mené en anglais et traduit par mes soins.

Clotilde Dusoulier

Pouvez-vous nous dire en quelques mots le genre d’enfant que vous étiez, et le genre de mère de Laurie Colwin était ?

J’étais une enfant volontaire qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Une enseignante a un jour écrit sur mon bulletin que j’étais l’enfant le plus grand de ma classe et que ma mère m’appelait son « enfant viking ». Je ne sais pas si c’était en référence à mon héritage balte — bien que les Lettons n’aient jamais été vikings à ma connaissance — ou simplement parce que j’avais des manières et une stature un peu brusques, ce qui était d’ailleurs tout à fait vrai, je l’avoue.

Ma mère était une personne tout aussi décidée, et elle semblait heureuse d’avoir un enfant qui partageait ce trait de caractère, même lorsque nous étions en opposition sur des sujets tels que le contenu de ma boîte-repas pour l’école. Le dialogue était encouragé, mais je n’étais pas facile et je crois avoir souvent épuisé ma pauvre mère à râler, négocier ou piquer des crises.

J’adorais sa cuisine ; je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement. Elle aimait tellement ça, et y mettait tant de soin et d’attention. Les gens se pressaient à sa table, heureux de passer du temps avec elle pendant qu’elle cuisinait. Elle demandait souvent à ses convives de goûter ses plats et de donner leur avis sans filtre. Ce n’était pas une cuisinière qui en faisait des tonnes, ou qui gardait ses secrets pour elle : elle avait vraiment à coeur de partager ses plats, ses recettes et des conversations animées.

Pour autant, ce n’était pas toujours facile d’être l’enfant qui mange des « trucs bizarres ». Ma mère avait des avis très arrêtés sur ce qui était bon ou mauvais pour un enfant, et pour les gens en général, et elle ne transigeait pas là-dessus. Mes camarades de classe et mes copains du quartier étaient sans doute heureux de découvrir chez nous le pain d’épices, le saumon et les asperges, mais je leur enviais leurs Oreos, leur fromage américain en tranches et leurs « jus de fruits » fluorescents.

Il y a des fois où je voulais juste être comme les autres, avec des barres de céréales bourrées de chocolat dans ma boîte-repas plutôt qu’un kiwi, ou un sandwich au Wonderbread plutôt qu’au pain au levain de chez Bread Alone. J’arrivais quand même à remporter certaines batailles (les cuirs de fruit avec la Petite Sirène à gratter dessus), mais j’en ai perdu d’autres (pas de biscuits de supermarché !). J’ai donc continué à être l’élève de CP avec ses yaourts au lait de chèvre et son gouda fumé. Des années plus tard, une amie d’enfance m’a dit qu’elle avait toujours été jalouse de mes repas. « Moi je n’avais que des sandwichs au thon, m’a-t-elle dit, et éventuellement un yaourt. Toi, ce que tu mangeais était excitant ! » Elle avait raison.

Laurie Colwin et RF, deux ans, en 1986.

Laurie Colwin et RF, deux ans, en 1986.

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Le Meilleur de 2014

Vue de la Canche à La Madelaine sous Montreuil

Bonne année ! J’espère que 2015 sera pour vous une année pleine de joies, petites et grandes, d’aventures excitantes, de rencontres enrichissantes, d’expériences inspirantes et bien sûr, de repas délectables. Cette année s’annonce particulièrement remplie pour moi — à commencer par la sortie de mon nouveau livre Veggivore chez Hachette début février — et j’ai hâte de vous reparler de mes divers projets.

Au moment où nous tournons la page 2014, je prends un moment pour me remémorer cette excellente année et ces quelques morceaux choisis :

Plus gros changement sur C&Z : Un tout nouveau design, dans lequel je me sens aussi bien qu’au premier jour, et le retour des fonds d’écran calendriers.

Lecture la plus édifiante : The Third Plate, par mon héros culinaire Dan Barber. Si vous lisez l’anglais, je vous recommande ce livre, remarquablement bien écrit, qui bouleversera votre perception de notre système alimentaire, sans culpabilité ni sensationnalisme.

Nouvel appareil préféré : Mon super griddler et ses plaques à gaufres, grâce auxquels je fais des tournées de croque-monsieur hebdomadaires et toutes sortes de gaufres, y compris ces diaboliques gaufres liégeoises.

Le cadeau comestible qui a fait le plus d’heureux autour de moi : ce chocolat au couteau clouté de granola à la cannelle [sc:cinnamon_link].

Mon petit déjeuner préféré : du granola paléo avec yaourt maison et fruits de saison, suivi de près par ces biscuits sains aux flocons d’avoine.

Ma mise au vert préférée : louer une maison dans les Pyrénées ariégeoises avec quelques amis, et découvrir une petite enclave néo-hippie des plus sympathiques et des paysages sublimes et préservés.

Mes nouvelles adresses parisiennes préférées : Cuisine, Le Look, Peco Peco, Lockwood, Porte 12, Flesh et Bululu.

Maquereau au chalumeau chez Porte 12

Maquereau au chalumeau chez Porte 12

Meilleures reproductions maison d’un produit que j’achetais tout fait : les chips de kale vegan au « fromage », et les Figolu faits selon la recette de la Super Supérette.

Plus grande fierté pâtissière : ces madeleines parfaites.

Nouveaux snacks rapides préférés : des rouleaux de nori à l’avocat et au concombre et des noix de cajou grillées à la sauce de soja (pas en même temps, quoique).

Mes astuces de voyage préférées : jeûner contre le décalage horaire et comment constituer un kit minimaliste pour cuisiner en vacances.

Nouvelle habitude culinaire que je me suis efforcée d’adopter : la planification de nos repas.

Nouvelle façon de manger du vert : cette quiche de verdure aux noix.

Mon dîner de semaine préféré à préparer à l’avance : les falafels au four.

Mon classique revisité préféré : le clafoutis aux cerises à la farine de châtaigne.

Ma nouvelle soupe préférée : cette soupe ayurvédique de courge butternut et lentilles.

Ma nouvelle base de pâtisserie préférée : une pâte feuilletée simplifiée qui permet notamment de faire de divines tartes fines aux pommes.

Nouvelle façon de se faire cuire un oeuf : cette omelette à un oeuf très kid-friendly.

Ma façon préférée de cuisiner le brocoli : roussi !

Et vous ?

Qu’avez-vous lu, vu, vécu, goûté et adopté en 2014, et qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Le mur végétal de la rue d'Aboukir

Le mur végétal de la rue d’Aboukir

Orangettes faciles

En plus de mes florentins, mes truffes et mes mendiants, ces orangettes faciles font partie de mes cadeaux chocolatés préférés à offrir au moment des fêtes.

Les orangettes, grand classique de la confiserie française, ce sont ces bâtonnets d’écorce d’orange confite que l’on trempe dans du chocolat, noir de préférence.

Pour ma part, j’emprunte un petit raccourci : je prépare mes orangettes avec des écorces d’orange que j’achète toutes faites chez G. Detou, une boutique parisienne qui vend des fournitures de pâtisserie de qualité depuis fort longtemps — ma grand-mère y allait déjà de son temps.

On peut aussi confire ses propres écorces d’orange, bien sût, en utilisant par exemple cette recette de tranches d’oranges confites.

Des orangettes faciles à faire !

Réaliser ces orangettes est donc un jeu d’enfant, mais aussi un vrai plaisir : il y a peu de choses dans la vie qui soient aussi délicieuses que de se tenir au-dessus d’un bol de chocolat fondu [sc: chocolat], et d’y jeter des morceaux d’oranges confites par poignées avant de les repêcher avec votre super fourchette à chocolat.

Croquantes et fraîches, alliant subtilement le velouté du chocolat et l’amertume de l’agrume, ces orangettes sont sans doute l’une des confiseries chocolatées les plus satisfaisantes du monde.

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Bûche de Noël à la framboise

Les fêtes arrivent à grands pas, et si vous ne savez toujours pas quoi faire pour le dessert, j’ai à peine une longueur d’avance sur vous : nous sommes reçus chez la mère de Maxence pour le déjeuner de Noël, j’ai proposé d’apporter le dessert, et je ne me suis décidée qu’hier, après avoir fait un essai pour m’assurer que la recette marchait comme je l’imaginais.

Pour un repas de Noël, la bûche reste quand même le dessert attendu, mais selon le niveau de la pâtisserie où on l’achète c’est soit ultra chargé en crème au beurre, un poil kitsch et vraiment trop sucré*, soit une « création » raffinée qui coûte le double du reste du repas et implique de faire la queue dans le froid au milieu d’autres clients stressés qui commencent à paniquer sur la longueur de leur to-do liste.

J’ai pour ma part une nette préférence pour ce qui est simple et paisible, et j’ai l’intention d’apporter cette bûche maison vraiment facile à faire, roulée sur une crème à la vanille (un mélange de fromage blanc et de mascarpone) et garnie de framboises. C’est un dessert moelleux et rafraîchissant, léger, peu sucré et ponctué des notes acidulées de la framboise — exactement le genre de dessert dont on a envie à la fin d’un repas un peu riche.

Deux des convives de notre déjeuner ne mangent pas de chocolat (!), mais si ce n’était pas le cas j’aurais peut-être ajouté des copeaux de chocolat noir dans la garniture et un peu de poudre de cacao saupoudrée sur le dessus. J’ai aussi envisagé d’ajouter des noisettes concassées ou de la noix de coco torréfiée à la crème, mais j’ai décidé de m’en tenir au mariage simple et efficace de la vanille et de la framboise.

Ce n’est certes pas la saison des framboises (à moins bien sûr d’habiter dans l’hémisphère Sud) mais je les achète congelées et je vis assez bien cette exception à ma cuisine de saison habituelle. Pour une garniture plus hivernale, vous pouvez remplacer les framboises par des poires pochées et coupées en dés, en leur ajoutant éventuellement quelques noix grillées ou des brisures de marrons glacés pour réhausser le goût et la couleur.

En ce qui concerne la déco, j’opte une fois de plus pour la simplicité, mais vous pouvez placer des petites étoiles en papier sur le gâteau pour faire pochoir lorsque vous saupoudrerez le sucre glace, vous pouvez verser un filet de chocolat fondu ou de caramel en zig zag sur le dessus, ou vous pouvez planter une rangée de ravissants sapins en pâte d’amande sur la crête de la bûche.

Participez à la conversation !

Allez-vous cuisiner pour les fêtes cette année ? Qu’avez-vous prévu ? Et avez-vous déjà fait, ou voulu faire, votre propre bûche de Noël ?

PS: Ma recette de dacquoise à la framboise, tout aussi festive, et pour offrir, des bouchées croustillantes choco-gingembre et d’excellents croquants aux amandes et à la fleur d’oranger.

* Et même pas nécessairement fait maison : de plus en plus de pâtisseries se contentent de revendre des bûches industrielles surgelées. Quand une petite pâtisserie de quartier semble proposer beaucoup de tailles et de modèles, ça vaut le coup de demander si elles sont faites maison. Vous avez encore quelques jours pour visionner le documentaire de France 5 sur le sujet : Noël, une bûche à tout prix!

Bûche de Noël à la framboise

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Soupe de lentilles roses réconfortante

Soupe de lentilles corail

Les jours raccourcissent, le froid s’installe et le rhume aussi : c’est le moment de s’offrir un bon bol bien chaud plein d’ingrédients boosters d’immunité, et c’est précisément la mission que se donne cette soupe.

La recette est tirée de l’exemplaire que j’ai reçu de My New Roots, le livre de Sarah Britton qui ne sortira qu’au printemps, mais il se trouve qu’elle est aussi publiée sur son blog du même nom.

Ce livre est truffé de belles et bonnes idées, avec une multitude de recettes que j’ai très envie d’essayer, mais c’est celle-ci que j’ai choisie en premier : elle est très rapide à faire, ne nécessite pratiquement aucune préparation en amont, et fait appel à des ingrédients que vous êtes susceptibles d’avoir déjà sous la main au moment où vous lisez ces lignes.

Le résultat, c’est une soupe remarquablement satisfaisante qui joue sur tous les tableaux du goût — la douceur des lentilles, le boisé du cumin, l’acidité du citron, l’umami des tomates, l’ardeur du gingembre et du poivre de Cayenne — et je la vois déjà se faire une place bien au chaud dans mon répertoire hivernal.

Participez à la conversation !

Quel est le plat que vous aimez préparer une fois la bise venue, quand vous avez besoin de douceur et de réconfort ?

PS : Un curry de légumes d’hiver, des biscuits noix et chocolat, et un pickle de carottes au gingembre super facile.

Soupe de lentilles corail

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