Avant de vous parler de ce pickle de carotte au gingembre, permettez-moi d’abord de vous préciser que les pickles, ce sont des condiments de légumes ou de fruits préparés au vinaigre ou en saumure. Et au cas où vous ne seriez pas au courant, d’aucuns prédisent que la déferlante pickle surpassera bientôt la cupcake-mania aux Etats-Unis.
Je suis un peu dubitative — on a beau dire, apporter des pickles au goûter d’anniversaire de votre neveu, ça ne fait pas le même effet — mais j’ai grandi dans une famille qui, comme beaucoup de familles françaises j’imagine, ne consomme pour tout pickle que des cornichons, donc je suis très intriguée par les diverses techniques et préparations.
Comme je suis citadine, je ne suis pas sûre d’avoir un jour la matière première et le cellier (ni d’ailleurs la patience) requis pour aligner des dizaines de bocaux géants remplis de légumes multicolores barbotant pendant des mois dans leur bain de saumure, donc je m’oriente plutôt vers la technique dite du quick pickling : celle-ci consiste simplement à verser sur les légumes crus un liquide saumuré ou vinaigré bouillant, et de laisser le tout revenir à température ambiante. Ce type de pickle se garde une quinzaine de jours, donc on les prépare généralement en plus petites quantités — sauf si on prévoit d’en faire bénéficier son entourage.
Comme je suis citadine, je n’ai ni la matière première ni le cellier requis pour aligner des dizaines de bocaux géants remplis de légumes multicolores, donc je m’oriente plutôt vers la technique du quick pickling.
Ma première expérience de quick pickling, bien avant ce pickle de carotte, c’était chez nos amis Braden et Laura, lorsque j’ai aidé Braden à réaliser le pickle de piment qu’il prévoyait de servir avec des pâtes maison à l’encre de seiche et une friture de calamars. Pour être précise, je me suis contentée de hâcher les piments, mais j’en ai tiré une leçon importante, quoique sans rapport avec les pickles, que je vous livre ici parce que je suis sympa : il est conseillé de se protéger la main avec un gant, ou un léger film d’huile, avant de manipuler une grande quantité de piments ; ça évite de se réveiller le lendemain matin avec l’impression qu’elle a été trempée dans de l’acide chlorhydrique.
Ce petit désagrément scovilien mis à part, j’avais donc entr’aperçu avec quelle facilité on préparait ledit pickle, et j’étais prête à recommencer. Et donc, quand j’ai reçu l’excellent livre Kitchen Scraps de Pierre Lamielle, j’ai eu envie de tester pour commencer le pickle express de carottes au gingembre de la page 82.
Si vous ne connaissez pas encore Pierre Lamielle, allez donc faire un tour sur son blog (en anglais) : c’est un illustrateur-cuisinier canadien qui a beaucoup d’humour, un net penchant pour les calembours culinaires, et une grande tendresse pour les légumes racines.
Son livre est un livre de cuisine humoristique et illustré, et je n’en ai pas vu beaucoup des comme ça : c’est facétieux, drôle et un peu barré, mais ce sont tout de même de vraies recettes, l’auteur ayant une formation de cuisinier professionnel.
Parmi celles que j’ai envie d’essayer, il y a le bread pudding au chocolat et à l’eau de rose, le risotto de betterave à la ricotta, et la soupe mixée de petits pois. Je précise que toutes ces recettes sont présentées dans le livre sous des noms calembouresques et intraduisibles, que je vous invite donc à découvrir dans la version anglaise de ce billet et/ou dans le livre lui-même.
Le quick pickle de carotte au gingembre était effectivement très rapide à réaliser — ça m’a pris une dizaine de minutes et je parlais au téléphone en même temps — et je suis très, très contente du résultat : les rubans oranges sont ravissants, et font un condiment aigre-doux subtil et pas trop vinaigré, parfait à glisser dans un sandwich (au thon, comme le suggère Pierre Lamielle, ou au jambon) ou à déposer sur une salade tiède de potimarron aux haricots que j’adore, et je pense que ce serait idéal pour réveiller un plat de viande mijotée, comme une daube ou un bourguignon.
Quant au livre, il a mérité sa place sur l’étagère que je réserve aux ouvrages culinaires alternatifs qui nous viennent du Canada, entre L’Appareil et Au Pied de cochon.
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