Laurence est l’une de mes meilleures et de mes plus vieilles amies. Je l’ai rencontrée à quatorze ans, au premier jour de notre entrée au lycée, et nous sommes rapidement devenues inséparables, si semblables à tout point de vue qu’on nous prenait parfois pour des soeurs.
J’adorais aller chez elle après les cours. D’abord, il y avait une télévision, ce qui n’était pas le cas chez mes parents — le grand drame de notre vie à ma soeur et à moi — donc il y avait toujours la perspective palpitante de regarder l’une ou l’autre des émissions dont tout le monde parlait à l’époque.
Mais au-delà de ça, c’était une grande et joyeuse maison où l’on se sentait bien : Laurence avait deux soeurs, et leur mère, Christine, gardait de jeunes enfants, donc il y avait toujours beaucoup d’allées et venues, de conversations, de gens qui sonnaient à la porte et de voix de filles criant dans l’escalier.