Les vacances sont toujours pour moi l’occasion de faire le plein d’inspiration culinaire, surtout quand je peux rapporter quelques ingrédients locaux dans mes bagages. Mais ce n’est pas toujours une idée lumineuse, il faut bien le dire : nous avons tous quelque part un vieux paquet d’épices exotiques poussiéreuses dont on ne s’est pas servi une seule fois mais qu’on ne se résoud pas à jeter.
J’ai fait l’erreur suffisamment de fois au fil des années pour être aujourd’hui particulièrement prudente dans mes achats. Ma stratégie s’articule en deux temps : d’abord, je m’efforce d’évaluer avec objectivité si oui ou non cette corde de piment ou cette confiture de goyave me feront autant d’effet une fois que mon bronzage (quoiqu’à peine visible à l’oeil nu) se sera estompé ; et ensuite, quels que soient les ingrédients que je choisis finalement de rapporter, je me promets solennellement de les utiliser dans les semaines qui suivent mon retour.
Mon ambition était de faire des mini canistrelli salés, comme ceux achetés à Sagone lors de notre dernier jour sur l’île.
Ces canistrelli salés sont la preuve vivante que ma stratégie a fonctionné cette fois-ci, puisqu’ils m’ont permis d’entamer mon paquet de farine de châtaigne de Corse et mon sachet d’herbes du maquis, un mélange d’herbes séchées composées de thym, romarin, myrte, et laurier.
Vous voyez ce que c’est les canistrelli ? Au singulier, on dit canistrellu, et c’est le biscuit corse typique, croquant et rustique, dont j’ai fait la connaissance il y a des années chez U Spuntinu, l’épicerie corse de la rue des Mathurins, près de l’Opéra.
J’adore la version originale, modérément sucrée, et j’en ai d’ailleurs donné une recette dans mon livre sur Paris, mais cette fois mon ambition était de faire des mini canistrelli salés, comme ceux achetés à Sagone lors de notre dernier jour sur l’île. On avait invité des amis pour l’apéritif, et je me disais que ça irait bien avec le vin blanc qui patientait au frais.
Je suis partie de ma recette de canistrelli sucrés que j’ai adaptée en salé — c’est une pâte très facile à manipuler — et ces petits losanges croustillants (qui se trouvent être végétaliens) se sont avérés tellement bons que j’en ai fait une deuxième fournée dans la foulée, en me disant qu’on grignoterait les restes pendant la semaine. J’ai été bien inspirée ; il n’en restait que très peu à la fin de la soirée.
Si vous ne connaissez pas bien la farine de châtaigne, ça vaut le coup d’essayer de vous en procurer. C’est une farine sans gluten au goût très particulier qui ne rappelle pas exactement celui des châtaignes, mais qui est lui aussi à la fois boisé et sucré. Celle que j’ai achetée est une farine corse AOP séchée au feu de bois, ce qui lui donne des notes subtilement fumées. La farine de châtaigne n’est pas un ingrédient particulièrement bon marché (j’ai payé la mienne 10€/kg), mais on en utilise peu à la fois puisqu’elle est généralement mélangée à d’autres farines plus neutres.
J’ai maintenant l’intention d’utiliser cette farine pour faire des crêpes de châtaigne, ainsi que des canistrelli sucrés à la châtaigne comme ceux que j’ai achetés dans le village d’Evisa, et qui constituaient un goûter assez spectaculaire, en bouchées alternées avec un carré de bon chocolat noir.
D’autres bonnes idées pour utiliser la farine de châtaigne ?
Avec un coupe-pâte ou un couteau bien aiguisé, on découpe la pâte en carrés ou en losanges.
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