Mon congélateur n’est plus dans sa première jeunesse, et il présente tous les symptômes du syndrome d’accumulation glaciaire.
Je mets des choses dedans, soigneusement emballées et tout et tout, et quelques semaines plus tard, je les retrouve aussi étoilées de givre que la barbe d’un explorateur polaire, sur des étagères tellement couvertes de glace qu’il ne manque plus que les pingouins en patins.
Je suis donc obligée de le dégivrer régulièrement, c’est-à-dire utiliser tout ce qu’il contient, le débrancher, le laisser monter en température, détacher des plaques entières de banquise (ça, c’est tout à fait jouissif), tout nettoyer (ça, moins), bien le sécher, et redémarrer sur des bases saines.
Evidemment, c’est l’étape utiliser tout ce qu’il y a dedans qui prend le plus de temps : comme je partage avec l’écureuil une certaine propension à l’accumulation de denrées alimentaires, il me faut parfois des semaines pour en venir à bout.
Lors de ma récente campagne de congélo-vidange, je suis tombée sur une petite boîte contenant deux blancs d’oeuf rescapés de mes dernières fournées de sablés à la farine torréfiée.
D’habitude, lorsque j’ai des blancs d’oeuf à utiliser, je fais des rochers à la noix de coco, des langues de chat ou des tuiles, mais là, j’ai été prise d’une envie puissante et subite de faire des meringues. Et plus précisément : mes premières meringues*.
Au risque de paraître complètement irrationnelle, je me dois de noter que je n’ai jamais été une grande fan de meringue. Quand ma soeur et moi étions petites et que nous allions chercher un goûter à la boulangerie, elle prenait parfois une des énormes meringues rose pâle empilées sur un plateau tressé dans la vitrine, mais je ne voyais pas du tout l’intérêt de ces coques en polystyrène de sucre pur qui vous floconnaient sur le devant du t-shirt. (Je préférais largement les gros sablés nappés de chocolat.)
Mais on grandit et il n’est pas interdit de changer d’avis, et surtout, je venais de découper un article sur la technique de la meringue française** dans le numéro de Delicious. que j’avais rapporté d’Australie. Les instructions limpides m’avaient convaincue qu’il n’y avait pas de raison que je n’y arrive pas moi aussi après tout non mais sans blague.
De ma relation passée avec la meringue me restent cependant deux exigences : 1) je veux un coeur moelleux qui colle aux dents (votre dentiste va m’adorer) et 2) je veux du goût. Pour la texture, il faut juste faire attention au temps de cuisson et aux conditions de refroidissement. Pour le goût, il suffit d’utiliser un arôme de bonne qualité ou, dans mon cas, du sucre de canne non raffiné dont le bon goût de mélasse et de caramel est réhaussé par une gousse de vanille vide, glissée dans le paquet quelques semaines auparavant.
Donc voilà. Si vous n’avez jamais fait de meringues, ou si vous n’en avez pas fait depuis longtemps, permettez-moi de vous proposer cette recette : avec les beaux jours, il va bien vous falloir quelques meringues pour décorer vos coupes de glaces et vos salades de fruits rouges, non ? En ce qui me concerne, je prévois déjà les variations de mes prochains essais : je pense essayer avec du cacao, des sirops de fleurs ou de la poudre de noisette, et j’ai bien envie de faire des sandwiches de mini-meringues en les joignant deux par deux avec une ganache amère ou une crème fruitée et légère.
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* Longtemps je me suis tenue soigneusement éloignée des recettes qui demandaient de monter des oeufs en neige. Mon mixeur bien aimé m’a aidée à surmonter cette phobie.
** Techniquement, ce type de meringue cuite au four s’appelle de la meringue française, par opposition à la meringue italienne (elle est faite avec un sucre cuit, on ne la met pas au four, et c’est elle qui permet de faire, youpi, de la guimauve) et la meringue suisse (on monte les oeufs et le sucre au-dessus d’un bain-marie tiède).
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À part ça, je vous invite à feuilleter le dernier ELLE à table (numéro de mai/juin) qui est sorti hier : la maquette et la structure ont été rafraîchies, et j’y tiens une nouvelle rubrique.
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