Vanille de Tahiti

Ceux qui me lisent depuis un moment (ou qui fouillent dans les archives en faisant semblant de travailler) se souviennent peut-être de la vanille que j’achetais sur Internet à une petite entreprise basée à Mayotte*.

Hélas, lorsque je suis venue à bout de mon stock et que j’ai voulu repasser commande, je me suis aperçue que la boutique en ligne était fermée depuis quelques temps. Le mail que j’ai envoyé est resté sans réponse, et quelques semaines plus tard, le site s’était tout bonnement volatilisé. La Vanille de Mayotte avait, semble-t-il, mis la clé sous la porte**.

J’étais vraiment désolée pour ses propriétaires, que je savais être de vraies gens (avec en plus un petit enfant) et dont j’aimais la démarche « en direct du producteur, » mais une fois remise de mes émotions, mon problème restait entier : et ma vanille, alors ?

C’est alors que je me suis souvenue d’un article que j’avais lu sur un certain Alain Abel et sa plantation de vanille à Tahiti***, maintes fois médaillée pour la qualité de ses gousses et plébiscitée par une ribambelle de chefs.

Ce qui est bon pour Alain et pour Guy est bon pour moi, me suis-je dit, et j’ai donc demandé à deux amies si elles étaient tentées par une commande groupée. Elles étaient partantes, évidemment, et parce que nous le valons bien, nous avons décidé de nous offrir la Bora-Bora — à l’instar des vignerons, Alain Abel propose plusieurs crus de vanille, selon le terrain où elle a poussé.

Trois jours plus tard, le paquet atterrissait sur mon paillasson, et j’y ai découvert les gousses de vanille les plus éclatantes qu’il m’ait été donné de toucher et de sentir — dodues, cireuses et pleines de sève. Longtemps après que j’ai fini de partager le butin, elles m’ont laissé sur les doigts le souvenir de leur puissance aromatique, et tout comme lundi dernier, lorsque j’ai rencontré et serré la main d’Olivier Roellinger****, j’ai envisagé de ne plus jamais me les laver.

Il ne restait plus qu’à faire passer à cette vanille l’épreuve rituelle des oeufs au lait, une recette qui compte si peu d’ingrédients que la qualité de chacun y resplendit. Et le verdict est tombé : le ramage de cette vanille se rapporte largement à son plumage, et lorsque j’en aurai fini avec ma petite réserve, Monsieur Abel aura à nouveau de mes nouvelles.

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* Si vos derniers cours de géo remontent au siècle dernier, on pourra peut-être tomber des nues de concert : les T.O.M., c’est complètement has been ! On appelle ça des C.O.M., maintenant, pour « Collectivités d’Outre-Mer. » Dingue, non ?

** Ce qui n’est pas bien malin, parce qu’alors, comment fera-t-on pour rouvrir la porte ?

*** Tahiti fait partie de la Polynésie française, une autre C.O.M. Quel beau pays, tout de même.

**** Olivier Roellinger était à la Librairie Gourmande, où il signait Trois Étoiles de mer, son dernier livre de cuisine en forme de carnet de voyage.

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