Ce que j’ai rapporté d’Australie

Je reviens tout juste d’Australie, où j’ai passé une dizaine de jours dans le cadre du Writers Festival de Perth, sur la côte ouest, et du festival Taste Great Southern d’Albany, un peu plus au sud.

Par chance, j’ai un blog, et ça m’a permis de solliciter avant de partir les recommandations de mes lecteurs en matière de plats à goûter, de restos où dîner, et d’ingrédients à rapporter. La liste a très vite pris des proportions vertigineuses et j’ai pu partir l’esprit tranquille : je n’allais pas mourir de faim.

Et c’est vraiment le moins qu’on puisse dire. L’Australie en général, et les régions de Perth et d’Albany en particulier, regorgent de bons produits, et la cuisine australienne contemporaine (dite mod-oz, pour modern Australian), baignée d’influences asiatiques, moyen-orientales et européennes, est on ne peut plus réjouissante.

Voici donc un petit carnet de voyage en forme d’inventaire. (Vous pouvez aussi regarder les photos publiées sur le moblog.)

Ce que j’ai goûté

~ Du kangourou, qui est une viande rouge et très peu grasse, et doit donc être servie bien saignante pour livrer toute sa saveur. Chez Little Creatures, une merveille de restaurant ultra décontracté aménagé dans une ancienne ferme de crocodiles (si, si), on sert le kangourou en brochettes marinées et grillées, accompagnées d’un chutney de bush tomato (le fruit d’un buisson qui pousse dans le désert australien), d’une bière brassée sur place, et d’une large vue sur l’océan. Rien que ça, ça vaut les vingt heures d’avion.

~ Un des tous derniers Rondelets, un fromage de chèvre produit en biodynamie dont l’artisan, Gabrielle Kervella, vient malheureusement de prendre sa retraite, mais que l’on peut encore commander, dans la limite des stocks disponibles, au bar à vin Must (note en passant : le nom de ce bar à vin est un jeu de mot futé entre must, il faut, et must, le moût du raisin).

~ Des fruits de mer et du poisson à foison : du marron et des yabbies (deux variétés d’écrevisse d’eau douce), du saumon australien, de gigantesques crevettes tigrées, du crabe en mue, de la truite, des moules charnues

~ Les meilleures mangues que j’aie jamais mangées, juteuses, tendres, florales, acidulées, et absolument pas fibreuses.

~ Un friand citron-pavot mignon comme un champignon, acheté au comptoir pâtisserie du grand magasin David Jones. Le friand (en français dans le texte) est à l’Australie ce que le financier est à la France, sauf qu’on le cuit dans des petits moules ovales à bords hauts, ce qui change tout, comme vous pouvez l’imaginer.

~ Je n’ai pas manqué une occasion de goûter des vins australiens, principalement en provenance de la Margaret River et de la région Great Southern, et pas un seul ne m’a déçue. J’ai notamment bu un syrah pétillant (E&E de la Barossa Valley), une singularité australienne qui nécessite un petit temps d’adaptation — « Garçon ! Quelle est cette mousse rouge dans mon verre ? » — mais qui met vite tout le monde d’accord. (Si quelqu’un connaît une source d’approvisionnement en France, je suis preneuse.)

~ Alors, voyons voir. Il y eut également de l’agneau et du canard, de l’huile d’olive et du pain remarquables, et même quelques Tim-Tams, des biscuits fourrés au chocolat que l’on m’avait chaudement recommandés. Verdict : si on n’a pas grandi avec, difficile d’y voir plus que des biscuits de supermarché. (J’imagine, symétriquement, que les australiens ne seraient pas non plus transportés par les pépitos et les barquettes à la fraise qui ont régalé mon adolescence.)

Ce que j’ai rapporté

Les douaniers français, contrairement à leurs homologues américains et australiens qui ne plaisantent pas du tout avec le sujet (ni avec aucun autre, d’ailleurs), se fichent pas mal des aliments et autres ratons laveurs que l’on pourrait rapporter dans ses bagages. Néanmoins, s’ils en avaient manifesté la curiosité, voici ce que j’aurais dû déballer sous leurs yeux ébaubis :

~ Du wattleseed grillé et moulu (il s’agit de la graine d’une variété d’acacia australien, au parfum puissant de café et de chocolat) du Bush Tucker Shop,
~ Des feuilles de lemon myrtle moulues (une variété de verveine citronnée) de The Grocer,
~ De la bush tomato séchée et moulue, à la saveur sucrée et acidulée, également de The Grocer,
~ Des cristaux de sel rose de la Murray River,
~ Du dukkah, un mélange égyptien de noix, graines et épices que l’on sert à l’apéro, pour faire trempette avec du pain et de l’huile d’olive. Je n’en avais jamais entendu parler, mais c’est semble-t-il très populaire en Australie (« Oui, c’était super à la mode il y a quinze ans, » m’a dit avec son petit sourire en coin Stephen Downes, le critique gastronomique de Melbourne),
~ Du beurre de pistache (pas spécialement australien, certes, mais très tentant),
~ Des noix de macadamia,
~ De l’huile de macadamia non raffinée,
~ Du gingembre confit,
~ Du raisin muscat séché, en grappe et avec pépins,
~ Un très bon mélange de fruits séchés de chez Whisk & Pin (parfait pour manger dans l’avion),
~ Du miel cru Elixir (il s’agit de miel non pasteurisé, et dont seul le dépôt naturel est filtré) — j’ai pris le plus petit pot disponible, et c’était du miel de fleurs sauvages,
~ Du pashmak à la rose, la barbapapa persane (pas très australien non plus, mais tout aussi irrésistible),
~ Des noix de macadamia bio recouvertes de chocolat,
~ Quelques tablettes de chocolat Carmel Valley (noix de pécan et écorce de mandarine, figue, noix du Brésil),
~ Du chocolat au vin,
~ De la feta bio de vache de chez Over the Moon (note en [re]passant : le nom fait référence à la comptine Hey Diddle Diddle, dans laquelle une vache saute par-dessus la lune ; to be over the moon est aussi une expression pour dire qu’on est vraiment très content),
~ Et une pile de magazines — Spice Magazine, Vogue Entertaining + Travel, Delicious., Donna Hay Magazine et Gourmet Traveller — qui débordent de bonnes idées.

Ce qui ne se mange pas

~ Passer dix jours en compagnie des autres auteurs invités, des organisateurs des festivals et des bloggeurs du cru,
~ Faire une mini-croisière sur la Swan River, piquer une tête pour se rafraîchir et boire l’apéro sur le pont,
~ Admirer les perroquets et autres oiseaux exotiques qui se baladent un peu partout (nous, on a des pigeons, eux, ils ont des perroquets) et dont certains bêlent comme des chèvres,
~ Me laisser guider par Pam Lincoln à travers son vignoble bio, Oranje Tractor, et envisager de passer le reste de mes jours dans son verger (si par hasard vous étiez à la recherche du Jardin d’Eden, votre quête s’arrête ici),
~ Assister à une représentation de The Moth, un collectif de conteurs modernes venus de New York,
~ Apprendre de nouveaux mots et expressions : capsicum pour poivron, eschalot pour échalote, over east pour « sur la côte est », good on ya pour bravo, Sunday sesh pour la beuverie dominicale entre amis…
~ Visiter la galerie d’art de Perth et tomber en arrêt devant les tableaux peints par les premiers colons et l’exposition de Roger Ballen.

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