Carottes et betteraves râpées

Carottes et betteraves râpées

Longtemps, j’ai cru que les légumes d’hiver étaient tristes, et que la seule chose à faire était de prendre son mal en patience, en scrutant l’horizon (« Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? ») dans l’espoir d’y voir poindre des asperges ou bien quelques fraises.

Honnêtement, je ne sais pas comment j’ai pu être aussi aveugle : quid de la mâche et du potimarron, du chou-fleur et du brocoli, des endives et des poireaux et des blettes, des carottes et des betteraves ? Comptent-ils pour du beurre ?

Si vous n’avez jamais goûté la betterave en version crudivore, je vous conseille vivement d’essayer, même si vous (croyez que vous) honnissez la betterave cuite.

La météo particulièrement bienveillante de cet hiver y est sûrement pour quelque chose : peut-être ma mémoire me joue-t-elle des tours, mais il me semble qu’il y avait toujours du soleil le samedi matin, alors que j’enfourchais un Vélib pour me rendre au marché des Batignolles.

En tous cas, pour la première fois cette année, j’ai ressenti une poussée de nostalgie aigue lorsque mon fournisseur habituel m’a avoué qu’il n’aurait plus de poires pour moi cette saison (il avait vraiment l’air très embêté) et lorsque, quelques stands plus loin, j’ai aperçu le premier panier de petits pois.

« Oh non! » ai-je gémi dans mon étole turquoise, « Il est trop tôt, je ne suis pas encore prête à laisser filer l’hiver! » C’est alors que je me suis dit : « Il faut que je parle de mon affaire de carottes et betteraves râpées au plus vite, avant que tout le monde ne soit passé à des recettes plus verdoyantes. »

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Ce que j’ai rapporté d’Australie

Je reviens tout juste d’Australie, où j’ai passé une dizaine de jours dans le cadre du Writers Festival de Perth, sur la côte ouest, et du festival Taste Great Southern d’Albany, un peu plus au sud.

Par chance, j’ai un blog, et ça m’a permis de solliciter avant de partir les recommandations de mes lecteurs en matière de plats à goûter, de restos où dîner, et d’ingrédients à rapporter. La liste a très vite pris des proportions vertigineuses et j’ai pu partir l’esprit tranquille : je n’allais pas mourir de faim.

Et c’est vraiment le moins qu’on puisse dire. L’Australie en général, et les régions de Perth et d’Albany en particulier, regorgent de bons produits, et la cuisine australienne contemporaine (dite mod-oz, pour modern Australian), baignée d’influences asiatiques, moyen-orientales et européennes, est on ne peut plus réjouissante.

Voici donc un petit carnet de voyage en forme d’inventaire. (Vous pouvez aussi regarder les photos publiées sur le moblog.)

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Glace au Nutella toute simple

Le mari de ma soeur* adore le Nutella. Lorsque Ferrero a sorti un pot de cinq kilos à l’occasion du 40ème anniversaire de la mythique pâte à tartiner, Christian s’en est acheté un, et il a tout mangé. Pas en une seule fois, certes, mais vous conviendrez que c’est quand même une performance remarquable.

Et moi, j’adore le mari de ma soeur. Donc, lorsqu’ils sont venus dîner à la maison il y a quelques semaines, j’ai décidé de leur servir de la glace au Nutella. J’ai d’abord envisagé la méthode classique de la crème glacée (base de crème anglaise + nutella) mais je n’étais pas en grande forme, et l’idée de faire une crème anglaise me donnait envie d’aller me recoucher.

Une glace au Nutella ultra facile !

J’ai donc opté pour une formule infiniment plus simple, qui consiste à mesurer le même poids de Nutella et de lait concentré non sucré. Hop, on mélange, hop, à la sorbetière, et hop, en moins de temps qu’il n’en faut pour avaler un doliprane, on obtient une glace d’un velouté et d’une richesse rares.

Hop, on mélange, hop, à la sorbetière, et hop, en moins de temps qu’il n’en faut pour avaler un doliprane, on obtient une glace d’un velouté et d’une richesse rares.

Ce premier essai fut accueilli avec les ovations du public, mais deux problèmes subsistaient : 1°- même si le Nutella que l’on trouve en France ne contient pas de graisse hydrogénée, il laisse quand même à désirer sur le plan nutritionel, et 2°- les proportions utilisées donnaient à mon goût une glace plus sucrée que strictement nécessaire.

Comment améliorer ma glace au Nutella

La solution coulait de source : j’allais remplacer le Nutella par un équivalent bio, et en mettre moins.

Mon magasin bio propose toute une gamme de pâtes à tartiner choco-noisette, avec différentes quantités de chocolat et de noisettes, et différents petits personnages hilares censés faire oublier à votre enfant que chez son copain Théo, au moins, il y a du vrai Nutella.

Après avoir passé les étiquettes à la loupe (j’ai toujours une loupe sur moi, ainsi qu’un cabas réuti-pliable), j’ai choisi la Chocolade de Jean Hervé, et ce pour trois raisons : 1°- je tiens ses purées de fruits secs (séchés au feu de bois et broyés à la meule de pierre) en haute estime, 2°- il reverse une partie de son chiffre d’affaire à une association qui construit des écoles à Madagascar, et 3°- il porte merveilleusement bien la queue de cheval.

Le test de la cuillère** m’a permis d’observer que cette pâte à tartiner est moins sucrée que sa cousine mondialement connue, et d’une texture moins surnaturellement lisse aussi : ce n’est pas qu’elle soit granuleuse, non, mais elle donne à la langue l’occasion de se souvenir que de véritables noisettes ont donné leur vie pour cette chocolade.

Et si l’on en croit les opinions récoltées auprès de mon panel de dégustateurs, ladite chocolade se prête à merveille à cette recette de glace, que l’on servira idéalement avec les meilleurs sablés de la galaxie : les punitions de chez Poilâne, qui sont maintenant disponibles en forme de cuillère pour touiller le café et jusqu’à aujourd’hui seulement (du moins je l’espère), en forme de coeur.

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* Je n’arrive pas encore à dire « mon beau-frère », mais j’y travaille.
** Prélevez une cuillerée, placez-la sur votre langue, fermez la bouche, retirez la cuillère, fermez les yeux, mâchez, avalez. C’est le test de la cuillère.

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De Montmartre à Montréal

Si vous habitez à un endroit où l’on reçoit la chaîne de télévision Télé Québec, vous serez peut-être content d’apprendre que je ferai une apparition ce soir dans À la di Stasio, l’émission culinaire de la délicieuse Josée di Stasio : lors de son passage à Paris à l’automne dernier, nous avons tourné ensemble une partie de cet épisode.

L’émission sera diffusée ce soir (vendredi) à 21h, et sera rediffusée quotidiennement jusqu’à mardi. (A terme, on devrait pouvoir la voir en France aussi, lorsque Cuisine TV passera cette nouvelle saison.)

C’était un vrai bonheur de travailler avec Josée et sa fine équipe — je me serais bien cachée dans la camionnette pour qu’ils m’emmènent avec eux à la fin de la journée — et j’espère que le résultat vous plaira.

Salade Tiède de Potimarron et Haricots Blancs

Salade Tiède de Potimarron et Haricots Blancs

J’écris ceci à la table d’un café où j’aime m’installer quand j’ai du mal à me concentrer à la maison. Pourtant, aujourd’hui, ma bulle est sérieusement mise en péril. A un jet de rondelle de citron sur ma gauche, deux clichés vivants : une directrice de casting française, blonde et rauque, et un jeune réalisateur fraîchement débarqué de LA, barbe en vrac et veste kaki. Ils discutent de l’actrice idéale (cheveux noirs, silhouette généreuse, petit air oriental) pour son prochain film.

Lui est cool comme Fonzie ; elle sature l’espace sonore de sa voix tonitruante et de son accent à couper à la machette. Rien n’y fait, même avec Leonard Cohen qui bourdonne dans mes écouteurs, je ne peux pas ne pas entendre. Et pour être honnête, moi qui me passionne pour les conversations des inconnus, je dois bien reconnaître que celle-ci est particulièrement divertissante, surtout avec imdb à portée de clic. (Si vous êtes une actrice aux cheveux noirs, à la silhouette généreuse et au petit air oriental, faites-moi signe, je pourrai peut-être vous dire ce qu’ils pensent de vous.)

Mais enfin tout ceci n’a que peu à voir avec le sujet du jour. Le sujet du jour, c’est cette salade d’hiver qui, maintenant que j’y pense, a elle-même la silhouette généreuse et un petit air oriental. Elle est inspirée d’une recette de salade de potiron aux pois chiches et au tahini publiée dans Casa Moro, le deuxième panneau du triptyque écrit par Sam Clark et Sam Clark*.

A la lecture de cette recette, j’avais trouvé brillante l’idée du mariage cucurbitacée + légumineuse, et je l’ai mise en musique** dimanche soir, en utilisant le potimarron acheté au marché la veille, une fin de paquet de haricots blancs, du beurre d’amande complet (mon bocal de tahini habite actuellement dans le réfrigérateur de mon voisin, qui me l’a emprunté pour faire du houmous), et une poignée de pignons pour que ça croustille.

Le résultat, c’est cette salade toute douce, très satisfaisante, et particulièrement indiquée quand on est allé courir au parc en fin d’après-midi (suffisamment tard pour que les mouflets aient déserté les allées, mais avant que les arbres ne commencent à faire des croche-pieds à la faveur de l’obscurité).

Je n’avais pas de coriandre (mon maraîcher n’en a pas l’hiver) et j’avais déjà utilisé mon bouquet hebdomadaire de persil, mais si vous avez sous la main quelque herbe fraîche, la salade en frétillera d’aise.

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* Je n’invente rien : le couple à qui appartient le restaurant londonien Moro s’appelle vraiment Sam(uel) Clark et Sam(antha) Clark, Clark étant vraiment le nom de jeune fille de cette dernière. Ionesco aurait adoré.

** Pour voir une version plus proche de celle du livre, vous pouvez consulter celle de mon amie Molly.

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