Ce qui est curieux avec un blog de cuisine, et particulièrement s’il existe depuis un certain temps, c’est qu’il ne reflète pas réellement la notion de fréquence : si vous allez cueillir un billet loin dans les archives, comment savoir si ce plat a été fait une fois puis oublié, ou si son auteur le cuisine toutes les semaines ?
En général, l’auteur d’un blog rechigne à parler plusieurs fois de la même chose, de peur que ses lecteurs — en admettant qu’ils s’en aperçoivent, ce qui est très peu probable en ces temps de surstimulation tous azimuts — ne se disent que dis-donc, c’est un peu répétitif tout ça. Et pourtant, n’êtes-vous pas tout particulièrement intéressé par ces quelques recettes qu’on aime tellement qu’on ne s’en lasse jamais ? Parce que moi, si.
De temps en temps, je prépare un classique personnel qui m’enthousiasme comme au premier jour, et je me dis alors que c’est vraiment trop bon pour ne pas prendre le temps d’en reparler.
Les outils de microblogging de type twitter offrent à mon sens une solution à ce dilemme, en me permettant de signaler (à ceux que ça intéresse) que j’ai refait une fournée de biscuits très gingembre, un gratin dauphinois ou cet excellent gâteau au pavot sans farine qui me fait des clins d’oeil depuis le buffet de la cuisine au moment même où je vous parle.
Mais quand même, de temps en temps, je prépare un classique personnel qui m’enthousiasme comme au premier jour, et je me dis alors que c’est vraiment trop bon pour ne pas prendre le temps d’en reparler.
C’est ce qui explique le billet du jour, qui est une nouvelle version de cette recette, publiée (en anglais seulement à l’époque) il y a cinq ans et neuf jours. Entre temps, j’ai siphonné un nombre inavouable de paquets de fregola sarda, ces petites pâtes sardes grillées et délicieuses, impossibles à trouver à Paris (ce serait trop facile), et que je n’obtiens donc qu’à la faveur d’un voyage ou grâce à un ami attentionné.
J’ai bien essayé d’autres façons de déguster ces petites perles au léger parfum de noisette, et quoiqu’elles se marient fort bien avec des petits pois frais, c’est quand même comme ça que je les préfère : avec des fines lamelles de courgettes et du parmesan en gros brins.
Ma recette a un peu évolué au fil du temps : je fais maintenant cuire les courgettes rapidement dans l’eau des pâtes (au lieu de les faire sauter à part) et je me passe généralement des pignons de pin (quand j’ai la flemme de les faire griller). Mais si j’ai sous la main des tomates cerise, j’en ajoute une poignée, et s’il reste des petits fragments de viande récupérés sur la carcasse du poulet rôti de la veille, comme le jour où j’ai pris la photo ci-dessus, ce n’est pas mal non plus.
Du coup, c’est un plat ultra simple qui n’utilise qu’une casserole, et qui ne prend guère plus de temps qu’il n’en faut pour faire cuire les pâtes — mais il est vrai que la fregola sarda met un peu plus de temps à cuire que la plupart de ses consoeurs. Et après toutes ces années, c’est resté de loin mon menu préféré quand je dîne seule à la maison. C’est tout aussi bon chaud, tiède que froid, et j’en prépare donc le plus souvent deux portions : l’une que je mange dans la foulée, l’autre que je garde pour le déjeuner du lendemain.
En parlant de pâtes, je viens de me procurer une machine à faire les pâtes fraîches, et je m’apprête à l’essayer, probablement en suivant le ratio du livre de Ruhlman (trois parts de farine pour deux parts d’oeuf mesurées en poids). Peut-être avez-vous des conseils en la matière, ou une recette à me donner ?
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Ingrédients
- 170 g de fregola sarda, ou un autre type de toutes petites pâtes, telles que les gnocchetti sardi (malloreddus)
- 2 courgettes moyennes, 280 g environ
- un morceau de bon parmesan, ou d'un autre fromage vieux, 60 g environ
- 2 poignées de tomates cerise(facultatif)
- une poignée de pignons de pin grillés (facultatif)
- huile d'olive
- sel, poivre du moulin
Instructions
- Faites bouillir de l'eau salée dans une casserole moyenne à feu vif (chez moi, on a plus vite fait de faire bouillir l'eau à la bouilloire que sur les plaques). Ajoutez les pâtes, ramenez à frémissement, puis laissez frémir le temps indiqué sur le paquet : mes fregola sarda sont al dente en 14 minutes, mais ça varie d'une marque à une autre.
- Pendant que l'eau chauffe et que les pâtes cuisent, coupez les courgettes en demi-lunes assez fines et râpez le parmesan grossièrement (avec les gros trous de la râpe s'il y a le choix). Coupez les tomates cerise en deux.
- Deux minutes avant que les pâtes soient cuites d'après le paquet, ajoutez les courgettes. Mélangez, ramenez à frémissement, et cuisez 2 minutes de plus. (Quand on ajoute les courgettes, ça fait baisser la température de l'eau, donc il faut au total cuire les pâtes un peu plus longtemps que si on les faisait cuire seules.)
- Egouttez et répartissez entre deux bols peu profonds. Ajoutez les tomates cerise, un filet d'huile d'olive, et saupoudrez de poivre, de parmesan, et de pignons de pin. Servez chaud ou à température ambiante, éventuellement le lendemain (dans ce cas, j'ajoute le parmesan une fois que les pâtes ont refroidi).