On avait des amis à la maison pour le brunch samedi, et j’avais décidé de faire des scones.
Ça faisait trois ans, presque jour pour jour, que j’avais sous le coude une recette que mon amie Chika m’avait donnée, et qu’elle avait tirée du livre (aujourd’hui épuisé) d’Anton Edelman, Taking Tea at the Savoy. Elle m’avait indiqué que c’était la recette de scone à laquelle elle était fidèle, et j’avais envie de l’essayer, histoire de changer un peu de mes yogurt scones habituels.
La pâte était facile et rapide à préparer — détail appréciable quand on prépare un brunch — et je l’ai étalée, selon les instructions, sur une épaisseur de 1,5 cm. Si j’avais été mieux réveillée, je me serais probablement rendu compte que c’était un peu fin, et qu’il y avait peu de chances que ces scones lèvent comme on s’y attendrait de la part d’un scone.
En Amérique du Nord, on fait des muffin tops (« dessus de muffin ») avec un moule spécial qui permet de n’avoir que la partie bombée et croustillante du muffin.
Mais je les ai enfournés sans me poser trop de questions, après les avoir saupoudrés d’un peu de sel et de sucre, et effectivement, même si l’odeur était divine et le temps de cuisson impeccable, mes scones n’avaient pas vraiment une tête de scone.
Je les ai servis quand même évidemment, avec des fraises de Carpentras (équeutées. coupées en deux, et macérées avec un tout petit peu de sucre pendant une heure ou deux pour qu’elles rendent du jus et confisent légèrement) et de la crème crue de la fromagerie.
Et mes scones-qui-n’en-avaient-pas-l’air étaient délicieux, fondants, légers et pas trop sucrés, mais j’ai soigneusement évité de les présenter sous quelque nom que ce soit, pour ne pas attirer l’attention sur le fait que bon, ce n’était pas tout à fait le format que j’avais en tête à l’origine.
Ce n’est que quelques heures plus tard, après une bonne sieste, que j’ai eu la révélation suivante : en Amérique du Nord, on fait des muffin tops* (« dessus de muffin ») avec un moule spécial qui permet de n’avoir que la partie bombée et croustillante du muffin. Eh bien, de la même façon j’avais simplement fait des scone tops, qui présentaient en plus l’avantage certain de pouvoir être réchauffés au grille-pain, sans qu’il soit nécessaire de les couper en deux et donc sans miettes qui carbonisent au fond.
D’un coup, je me sentais beaucoup mieux.
Je vous laisse donc décider de l’épaisseur sur laquelle vous étalerez la pâte — je vous ai donné deux suggestions ci-dessous — mais d’une façon ou d’une autre, j’espère que vous donnerez sa chance à cette recette, qui est aussi simple que bonne.
Et vous, pour les scones, vous avez une recette que vous faites les yeux fermés ? Et vous êtes-vous déjà trouvé dans cette même situation où un plat ne paraît pas réussi tant que vous ne lui avez pas trouvé juste le nom qui lui va bien ?
* L’expression « muffin top » est aussi utilisée pour désigner le petit bourrelet qui se forme à la taille quand on porte un jean un peu trop serré. Poétique, non ?