J’ai assisté au festival Omnivore à Paris la semaine dernière, un événement de trois jours pendant lequel des chefs inspirés montent sur scène pour faire des démos et parler de leur cuisine, et plusieurs d’entre eux ont exprimé un sentiment que je partage : la période que nous traversons en ce moment est la plus difficile de l’année pour qui aime cuisiner végétal et de saison.
L’hiver est derrière nous, et on a eu notre compte de légumes racine, mais le printemps n’est pas tout à fait là, et les merveilles qu’il promet sont encore en instance de livraison. On se retrouve donc dans une sorte de purgatoire de non-saison, à devoir composer avec ce qu’il reste des mois d’hiver — et honnêtement, il ne reste pas grand-chose — en rêvant de fraises et de petits pois.
Et l’autre jour, ce purgatoire de non-saison a provoqué en moi une irrépressible envie de clafoutis aux cerises.
C’est particulièrement difficile pour les fruits. Les pommes et les poires n’ont qu’un lointain souvenir de l’arbre qui les a vues naître, et les agrumes sont une pâle version d’eux-mêmes — beaucoup de peau et pas beaucoup de goût — donc il reste les fruits exotiques et les fruits surgelés.
Et l’autre jour, cette situation a provoqué en moi une irrépressible envie de clafoutis aux cerises, et plus exactement de ce clafoutis aux cerises, que j’ai consigné dans mon carnet de recettes à essayer il y a sept ans, lors de sa première publication. J’avais l’intention de le faire avec les griottes surgelées qu’on trouve aisément vous savez où.
C’est une recette qui n’est pas tout à fait orthodoxe dans la mesure où les blancs d’oeuf sont battus en neige pour obtenir un clafoutis moelleux, plutôt que le côté flan qui est la texture plus classique. C’est délicieux.
Au lieu d’utiliser de la farine de blé, j’ai choisi de faire mon clafoutis avec la farine de châtaigne que j’ai rapportée de Corse. J’avais l’intuition que ça irait bien avec la saveur des cerises, un peu comme la noisette flatte la cerise dans ce cake ; mon intuition ne m’a pas trompée.
En ce qui concerne les noyaux, c’est à vous de décider si vous les laissez ou pas : traditionnellement, on ne dénoyaute pas les cerises pour un clafoutis — la légende raconte que ça donne un petit parfum d’amande — mais devoir se dépatouiller des noyaux à chaque bouchée peut gâcher le plaisir de certains, et si vous espérez en faire manger à de jeunes enfants, il faut les enlever sans tergiverser. (Les griottes surgelées que j’ai utilisées étaient dénoyautées, donc pas d’hésitation.)
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Vous aussi, vous trouvez ça dur cette période de transition entre l’hiver et le printemps ? Comment vous vous en sortez ? Et pour le clafoutis, vous avez une recette fétiche ?