J’ai lu récemment un recueil de nouvelles de Lara Vapnyar qui s’intitule Broccoli and Other Tales of Food and Love (brocoli et autres histoires de nourriture et d’amour). Ces six nouvelles mettent en scène des russes récemment émigrés aux Etats-Unis et dévoilent, à travers le prisme de la cuisine, comment ils s’adaptent à leur nouvelle vie.
Je suis particulièrement sensible aux récits qui parlent de migrants, et peut-être aussi parce que j’aimais beaucoup les nombreux collègues russes avec lesquels je travaillais en Californie, j’ai trouvé ces nouvelles très émouvantes.
La première s’intitule A Bunch of Broccoli on the Third Shelf (une tête de brocoli sur la troisième étagère) et parle de Nina, une jeune femme qui va acheter des légumes tous les samedis matins dans les échopes russes et coréennes de Brooklyn, mais qui, pour différentes raisons, n’en fait jamais rien.
Et c’est à Nina que j’ai pensé quand j’ai pris conscience que le chou blanc que j’avais rapporté du marché il y a quelques temps déjà n’allait pas se cuisiner tout seul. Je n’avais pas réfléchi plus que ça au moment de l’achat — à part pour me dire qu’on devrait tous manger plus de bracicacées — et le malheureux se morfondait depuis lors au fond du tiroir à légumes.
Par chance, le chou blanc semble avoir été conçu pour résister à de telles situations, et il se garde très bien : les feuilles extérieures perdent un peu de leur lustre au bout d’un moment, mais il suffit de les retirer pour retrouver un chou comme neuf.
Mais il me restait quand même à trouver une façon satisfaisante de le cuisiner, et je me suis souvenue de la recette que mon amie Molly avait publiée sur son blog il y a quelques semaines, qui consiste à faire sauter du chou en fines lamelles au wok, avec de la sauce piquante et de la sauce de soja. Je n’ai pas de wok, ni la sauce sambal oelek que Molly préconise, mais par contre j’ai une poêle et de la sauce sriracha, et je me suis dit que ça ferait l’affaire.
Il se trouve que j’avais rôti un poulet la veille dans mon beau four tout neuf (qui a donc subi par la même occasion son baptême de projections de graisse). J’ai ajouté ce qui me restait de viande dans la poêle, obtenant ainsi un déjeuner des plus satisfaisants, avec un peu de sésame par-dessus parce que ça allait bien ensemble et que j’ai du mal à résister au chant de mon moulin rouge.