La guimauve est l’étoffe dont sont faits les nuages, elle a la douceur mousseuse de la layette, et lorsque de jolis cubes pastel me font de l’oeil à travers les vitrines des pâtissiers, toute résistance est inutile.
Je suis rarement déçue, mais ça arrive quand même de temps en temps. Prenez par exemple cette fois où, étourdie de gourmandise, j’ai acheté un assortiment chez Pain de Sucre pour m’apercevoir, une fois rentrée chez moi, que j’avais hérité des parfums les plus perchés de la planète guimauve, du genre chicorée et whisky, angélique, ou safran et piment d’Espelette. En principe, j’ai plutôt les idées larges et les papilles aventureuses, mais là, vraiment, non. Fort heureusement, j’avais pris soin de prendre aussi quelques unes de leurs guimauves au cacao en robe de noix de coco, et j’ai ainsi pu réconforter mon palais traumatisé.
Indépendamment de cette mésaventure, j’ai toujours eu envie de faire ma propre guimauve. J’ai amassé une collection de recettes assez impressionnante au fil des années — la BNF aimerait bien mettre la main dessus, d’ailleurs — sans jamais en exécuter une seule. Pourquoi non ? Parce qu’elles font toutes appel à du sirop de glucose, cet épais sirop que les chefs pâtissiers aiment d’amour mais qui n’est pas encore tombé dans le domaine public. Je sais où ça se trouve, mais je me refuse à en acheter un jerrican juste pour faire de la guimauve.
La guimauve est l’étoffe dont sont faits les nuages, elle a la douceur mousseuse de la layette, et lorsque de jolis cubes pastel me font de l’oeil à travers les vitrines des pâtissiers, toute résistance est inutile.
Et puis un jour, Christophe Michalak est arrivé sur son fier destrier et m’a montré le chemin : à l’occasion de la sortie de son livre C’est du gâteau !, il était interviewé dans ELLE et donnait sa recette de pâte à guimauve facile, une recette à faire, ô miracle, avec du miel et non du sirop de glucose.
J’ai découpé sa recette et jeté toutes les autres*.
En matière de guimauve, le parfum préféré de Maxence et le mien sont respectivement la rose et le chocolat, ce qui ferait je crois un joli titre de roman. Mon ambition était donc de préparer la recette de Michalak en l’aromatisant pour moitié au sirop de rose (celui qu’utilise Pierre Hermé himself), et pour l’autre à la poudre de cacao.
Le résultat a tellement dépassé mes espérances qu’il a fallu que je me pince pour arriver à croire que j’avais réellement mis au monde ces cubes duveteux et impeccablement parfumés — on ne sait jamais, j’aurais pu dévaliser dans mon sommeil la pâtisserie la plus proche.
Si j’en crois mon agenda, la fête de l’amour se profile à l’horizon, et si vous êtes le genre de personne qui s’en émeut, quoi de plus délicieux à offrir à votre Valentin(e) que ces guimauves faciles ? Selon ses goûts et les vôtres, vous pouvez imaginer d’infinies variations en termes de parfum et d’enrobage : je recommande l’eau de fleur d’oranger (la saveur originale des chamallows) et les purées de fruit de toutes sortes, et si vous trempez vos guimauves dans du chocolat fondu, une étude récente montre que vous êtes quasi-sûr de faire mouche.
Ne soyez pas effrayé par la longueur de la recette, elle n’est vraiment pas difficile du tout du tout. Simplement, la version publiée dans ELLE avait été ultra résumée pour tenir dans un encadré en marge de l’interview ; je l’ai réécrite ici en ajoutant les détails qui me semblent utiles si c’est votre baptême de guimauve.
* Non, je plaisante. Jamais de la vie je ne jetterais une recette.