En matière de glaces, je suis tellement prévisible que c’en est désespérant.
A partir du moment où un glacier ou une gelateria propose chocolat noir, pistache, et/ou yaourt, les autres parfums pourraient aussi bien ne pas exister : je ne les vois pas.
Je fais quand même semblant d’hésiter un peu (je me frotte la tempe et je me mordille la lèvre inférieure en émettant un léger mmmm), histoire de laisser à ceux qui m’accompagnent le temps de faire leur choix, et aussi parce que j’aime à penser que peut-être, un jour, moi aussi après tout, je commanderai une boule de glace rhum-raisins et une boule de sorbet pastèque, mais personne n’est dupe. Le chocolat noir, la pistache et le yaourt sont les trois pieds de mon tabouret glacier.
Le chocolat noir, la pistache et le yaourt sont les trois pieds de mon tabouret glacier.
Cela dit, pour ce qui est des glaces maison, mon altruisme légendaire et les règles élémentaires de l’harmonie conjugale m’incitent à prendre en compte les goûts des gens que j’aime, en plus des miens. C’est pourquoi, jusqu’ici, à part ce sorbet au chocolat noir d’anthologie, j’essaie de ne pas me laisser aller complètement dans le sens de mes obsessions, parce que sinon, on sait bien comment ça se finit : je me retrouve à tout manger toute seule, comme l’illustre brillamment le cas du sorbet chocolat supra.
Mais il se trouve que j’ai acheté il y a peu un sac de pistaches décortiquées qui avaient particulièrement bonne mine, et vraiment, l’occasion était trop belle : je n’allais pas résister longtemps à la tentation de la glace à l’italienne. Je me suis tournée vers mon éternel mentor, et bien que son livre ne contienne pas de recette de gelato à la pistache, il en donnait une sur son blog.
C’est une recette de glace sans oeufs, dans laquelle la fécule de maïs sert d’épaississant (un peu comme dans la recette de crème anglaise inratable de ma mère). Elle est si facile à réaliser (voir la démonstration vidéo sur le site du New York Times) que je ne manquerai pas de réutiliser la méthode de base à l’avenir, pour les glaces qui peuvent se passer de cette impression de richesse en bouche que donnent les jaunes d’oeuf.
En revanche, la recette de David utilise de la crème de pistache de Sicile, et ça, bien sûr, je n’en avais pas sous le coude. Mais pour autant que je puisse en juger vu d’ici, cette crème n’est ni plus ni moins qu’un mélange de pistaches et de sucre, donc j’ai modifié la recette pour utiliser de simples pistaches et du sirop d’agave, en improvisant un peu sur les quantités, à l’instinct.
J’ai aussi ajouté un peu de limoncello, cette liqueur de citron italienne, afin de réhausser la saveur de la pistache, et pour rendre la glace plus souple et plus facile à servir.
Je suis absolument enchantée par cette glace vert pâle, dans laquelle j’ai laissé les petits morceaux de pistache qui lui donnent une texture un peu granuleuse et font, à mon sens, tout son charme. Et à ma grande satisfaction, je ne suis pas la seule à la plébisciter : mes parents, qui étaient venus dîner, s’en sont régalés, et Maxence a déclaré devant témoins que c’était la meilleure glace à la pistache qu’il ait jamais mangée, ce qui me va droit au coeur — même de la part de quelqu’un qui prend invariablement mangue et noix de coco.
Lire la suite »