Je suis devenue le genre de personne qui écrit des courriers.
Pas à tout bout de champ, rassurez-vous, mais quand j’ai un truc à dire, une interrogation à formuler, une réclamation à adresser, je n’hésite plus. Je ne me dis plus « bof, ça ne changera rien » ; je suis en mode consommatrice impliquée, et j’ai à coeur de faire entendre mon avis. A ma grande satisfaction, il est rare que je n’obtienne pas de réponse.
Dernier exemple en date, j’ai écrit à Celnat, une entreprise basée en Haute-Loire qui distribue divers produits céréaliers en circuit bio (à Paris, plutôt dans les Biocoop). C’est une marque qui m’inspire confiance, et quand il y a le choix pour un produit donné, c’est plutôt vers elle que va ma préférence. En particulier, j’apprécie que l’origine des matières premières soit clairement indiquée, et qu’elles viennent généralement de France ou d’Europe.
Sauf les haricots rouges, qui viennent de Chine. D’où mon mail, que je vous présente ci-dessous, ainsi que (avec l’accord de Celnat) la réponse détaillée que j’ai reçue quelques jours plus tard.
Pour tout vous dire, ça ne m’a pas fait changer d’avis sur les haricots rouges chinois, et je me contenterai d’autres couleurs de haricots en attendant la mise en place d’une filière alternative, mais cette réponse m’a beaucoup intéressée parce qu’elle met en lumière leur démarche, alors même que le processus d’import et de distribution de tels produits bruts (qui fait quoi au juste ?) reste d’ordinaire très opaque pour le consommateur.
Je vous livre donc cet échange, en espérant qu’il vous intéressera aussi.
From: Clotilde Dusoulier
To: Celnat
Bonjour,
Je suis une cliente régulière de votre marque, et j’apprécie la qualité de vos produits.
Je voulais cependant vous faire part de ma déception lorsque j’ai constaté que les haricots rouges que vous commercialisez viennent de Chine.
Au-delà de l’empreinte carbone que cela représente, je ne pense pas être la seule consommatrice de produits bio à n’avoir aucune confiance dans les conditions de production des produits alimentaires chinois — aussi bien du point de vue du respect des cahiers des charges que de la situation environnementale générale en Chine — et je n’en achète donc jamais.
Vous serait-il possible d’envisager une autre origine d’approvisionnement pour ce produit ?
En vous remerciant par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à ma remarque,
Clotilde Dusoulier.
From: Celnat
To: Clotilde Dusoulier
Bonjour
Votre mail concernant l’origine Chine de nos haricots rouges a retenu toute notre attention.
Dans un souci de transparence et de respect des consommateurs nous indiquons sur nos emballages l’origine de nos matières premières. Vous pourrez vérifier que nous sommes assez peu nombreux à adopter cette démarche, même en Bio. Cette information, nous vous la donnons car nous estimons que nous vous la devons, afin de vous permettre d’exercer votre choix.
Nous achetons en Chine un nombre assez restreint de produits qu’il nous est aujourd’hui difficile voire impossible de trouver en France ou en Europe. Cependant, fidèles à notre démarche de qualité, nous appliquons un strict contrôle sur ces marchandises comme sur l’ensemble de nos matières premières. Ces contrôles consistent en des analyses organoleptiques et physicochimiques ; sur la recherche de résidus de pesticides et OGM (sur produits à risque : soja, maïs, riz hors Union Européenne).
Concernant nos produits importés de Chine, nous n’avons jamais eu à ce jour de problèmes de résidus. En revanche des problèmes d’impuretés ou de corps étrangers sont possibles. Dans pareil cas nous sommes équipés dans notre usine pour renettoyer parfaitement les graines. Notez donc bien que nous ne faisons pas qu’acheter et revendre ces matières premières en l’état, mais qu’elles entrent dans un processus complet : sélection, contrôle qualité, nettoyage, transformation éventuelle, conditionnement, contrôle qualité produit fini. Ce processus apporte du travail à nos équipes, une valeur ajoutée sur le produit et une garantie fiable pour le consommateur.
Ceci étant dit, soucieux des attentes des consommateurs et partageant les mêmes préoccupations quant aux origines lointaines des produits, pour des raisons à la fois écologiques et économiques, nous souhaitons acheter en priorité sur la France et l’Europe tout ce qui sera possible, même avec un coût de revient plus élevé.
Avec nos producteurs, nous étudions actuellement des possibilités de mise en culture d’haricots rouges en France.
Ne soyez donc pas totalement déçue, car vous voyez que nous faisons des efforts pour aller dans le sens de vos attentes et que nous partageons vos préoccupations.
Meilleures salutations,
CELNAT.