Madeleines parfaites

Longtemps j’ai rêvé de réussir mes madeleines.

Au fil des années j’ai collectionné diverses recettes et essayé les plus prometteuses, mais mes efforts ont toujours été récompensés par des petits gâteaux pâlots et un peu étouffants, qui collaient au moule comme si leur vie en dépendait et refusaient catégoriquement de former une bosse.

Certes, si mon tempérament avait été de me saisir d’un tel défi et de tester et retester inlassablement les recettes jusqu’à ce que j’en perce les secrets, j’aurais sans doute résolu ce problème il y a un moment. Mais je ne suis pas si opiniâtre que ça, et en général quand ça rate, j’ai plutôt envie de passer à autre chose.

Alors que j’observais mes madeleines à travers la porte du four, n’en croyant pas mes yeux de voir le centre lever lentement pour former les fameuses bosses, une voix profonde s’est fait entendre dans la cuisine qui disait : « C’est Ici Que Ta Quête Prend Fin. »

Cette fois-ci, l’envie de réessayer m’a été donnée par mon fils de deux ans, qui a développé sa propre obsession pour les madeleines, plutôt centrée sur leur consommations. Les paquets achetés au magasin bio disparaissaient à vive allure, et à 3,50 € les dix, j’ai pensé que je pouvais aussi bien les faire moi-même.

J’ai décidé de placer mon destin entre les mains de Fabrice Le Bourdat, propriétaire et chef de la pâtisserie parisienne Blé Sucré, en utilisant la recette des madeleines qui ont fait sa réputation — dodues, dorées, grosses comme le poing et glacées de citron — et dont il a fait la démo en vidéo sur le site du Fooding*.

C’est une recette toute simple et facile à faire à la main, qui donne des madeleines absolument parfaites : une bosse jaune d’or un peu collante, des bords finement croustillant et un coeur bien moelleux.

Alors que j’observais mes madeleines à travers la porte du four, n’en croyant pas mes yeux de voir le centre lever lentement pour former les fameuses bosses, une voix profonde s’est fait entendre dans la cuisine qui disait : « C’est Ici Que Ta Quête Prend Fin. »

En étudiant la recette, je pense que les éléments-clé du succès sont les suivants :

  • Mettre la pâte au réfrigérateur toute une nuit et préchauffer le four à haute température permet de créer le choc thermique qui provoque la formation d’une bosse.
  • Utiliser une poche à douille pour remplir les empreintes du moule à madeleines peut sembler un peu pointilleux, mais en réalité c’est infiniment plus facile que d’utiliser une cuillère — la pâte est assez collante — et ça garantit des madeleines bien nettes et de taille uniforme, qui cuisent ensuite uniformément.
  • Beurrer soigneusement le moule et le mettre au frais, puis le taper fermement sur le plan de travail dès la sortie du four empêche les madeleines de coller — elles se démoulent d’un coup — et l’humidité de s’accumuler sur le dessous des madeleines en refroidissant.

Quelques commentaires et conseils supplémentaires :

  • Si vous remplissez trop les moules, vous obtiendrez des madeleines à bec de canard (voir photo ci-dessous) que votre enfant adorera et réclamera expressément, mais qui ne correspondront peut-être pas à vos propres standards esthétiques.
  • J’ai un peu modifié la recette de Fabrice Le Bourdat en réduisant la quantité de sucre (passant ainsi de 300 à 250 g), en ajoutant du sel, en utilisant un mélange de levure chimique et de bicarbonate de soude, et en ajoutant le zeste d’un citron, un arôme plutôt classique. Vous pouvez ne pas en mettre, ou bien le remplacer par le zeste d’un autre agrume, de la vanille ou de l’eau de fleur d’oranger.
  • On peut bien sûr imaginer toutes sortes de façons de parfumer les madeleines, mais je vous conseille d’essayer ces arômes simples d’abord pour apprécier la beauté de la madeleine nature. Vous pourrez toujours les déguster en alternance avec des petits morceaux de chocolat noir, ça s’est vu.
  • Les madeleines vendue chez Blé Sucré portent un glaçage au citron, ce qui est très bon, mais un peu hasardeux à mettre entre les mains d’un petit enfant. À vous de voir.
  • Surveillez vos madeleines de près pendant qu’elles cuisent — surtout pendant la première fournée — pour déterminer le temps de cuisson qui correspond à votre propre four. Comme les madeleines sont des gâteaux assez petits, une minute peut faire la différence entre « parfaites » et « trop cuites ».

Participez à la conversation !

Avez-vous déjà fait des madeleines avec succès, ou ce billet est-il le coup de pouce que vous attendiez pour vous lancer ? Êtes-vous un adepte de la madeleine toute simple, ou est-ce que vous brûlez d’y ajouter des pépites de chocolat et des myrtilles et des petits morceaux de bacon?

* Voici ma propre vidéo pleine de grain donnant ma recette de gâteau au chocolat et à la courgette pour le même site.

Madeleines à bec de canard : voilà ce qui se passe quand on remplit trop les moules.

Madeleines à bec de canard : voilà ce qui se passe quand on remplit trop les moules.

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200 Verbes pour écrire la cuisine

Dianne Jacob est une Américaine spécialisée dans l’écriture culinaire, auteur de l’excellent Will Write For Food et du tout aussi informatif blog du même nom. Il y a quelques mois, elle a publié une liste de 100 verbes anglais utilisés par Julia Child dans son chef d’oeuvre Mastering the Art of French Cooking, dans laquelle tout auteur de recette peut piocher pour enrichir et préciser son style.

J’ai beaucoup aimé l’idée et j’ai eu envie de me prêter au même exercice en français, en partant à la pêche aux verbes dans mon fidèle Larousse gastronomique. Je n’ai pas réussi à m’arrêter à cent verbes — il y en avait tellement plus, et des tellement beaux ! — donc j’ai poussé jusqu’à deux cents.

Voici donc cette liste, qui témoigne de la grande richesse du champ lexical culinaire français. J’espère qu’elle pourra vous servir de référence, mais pour ma part j’aime aussi la parcourir en laissant le théâtre de tous ces gestes s’animer dans mon esprit. (J’ai inclus quelques liens explicatifs pour les termes dont la signification ne me semble pas évidente pour tout le monde.)

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Favoris de juin

Photographie de James Ransom, reproduite avec l'autorisation de Food52.

Quelques-unes de mes lectures et trouvailles préférées pour le mois de juin :

~ Ne jetez plus les collerettes de vos fraises, faites-en de l’eau de fraise !

~ Mon amie Emma a produit pour Arte une série documentaire sur Marfa au Texas, et le 10 juillet prochain l’épisode sur Adam Bork sera disponible sur le site : vous saurez tout sur l’inventeur du Marfa-lafel et du food truck Food Shark.

~ Peut-on trouver de bonnes raisons de faire du vélo sans casque ?

~ Libérez votre Jacques Génin intérieur et faites vos propres caramels mangue-passion.

~ La scandaleuse supercherie des tomates coeur de boeuf.

~ Le coût humain intolérable des crevettes Thai bon marché.

~ Retours client sur la création de la Terre.

~ Impressionnez vos amis en fabriquant un sifflet avec une branche de châtaigner.

~ Calligraphie comestible.

~ Le label Max Havelaar au bord de l’implosion.

Et vous, quels sont les liens qui vous ont marqué ce mois-ci ?

Tarte fine aux courgettes jaunes, pâte à tarte au yaourt

Cette tarte fine est une tarte salée cuite sans moule à déguster à température ambiante, que j’ai faite avec une pâte maison garnie de fromage frais, de menthe et de fines tranches de courgette crue, avec un filet d’huile d’olive et du thym du jardin des parents de ma voisine.

Le format s’inspire de la ravissante tarte au radis de Sonia Ezgulian dont Cécile Cau a parlé sur son blog, qui consiste en une pâte brisée faite avec quelques graines de fenouil, surmontée d’un mélange de fromage blanc et de poudre d’amande, puis de radis roses finement tranchés.

J’ai donc transposé l’idée pour utiliser les jeunes courgettes jaunes et presque sucrées dont je dispose en ce moment, et pour la pâte, j’ai fait un essai de pâte à tarte au yaourt.

Je suis absolument ravie de cette pâte : elle est rapide à faire, facile à étaler, et en cuisant elle devient brun doré, croustillante et légèrement friable, l’idéal pour accueillir l’acidulé du fromage frais et la souplesse croquante des courgettes crues.

J’avais il y a longtemps noté plusieurs références à une recette de pâte semi-feuilletée faite avec des petits suisses, pour laquelle on les mélange avec de la farine et du beurre selon un ratio de 2:2:1 (à moins que vous optiez pour le ratio de 1:2:1 que d’autres recommandent) et je me suis enfin décidée à essayer.

Pas de petits suisses dans mon réfrigérateur, mais j’avais par contre des yaourts. Et comme j’étais un peu dubitative au sujet des proportions — je craignais que ça donne une pâte trop humide, et le fait que deux ratios différents circulent en parallèle ne me rassurait pas spécialement — j’ai fait à ma façon en mélangeant plutôt farine, yaourt et beurre selon un rapport 3:2:1 (soit ici 180 g de farine, 120 g de yaourt et 60 g de beurre, plus un peu de sel).

J’étais absolument ravie du résultat : la pâte était rapide à faire, facile à étaler, et en cuisant elle est devenue brun doré, croustillante et légèrement friable, l’idéal pour accueillir l’acidulé du fromage frais et la souplesse croquante des courgettes crues.

On a tellement aimé cette tarte estivale que j’ai refait exactement la même quelques jours plus tard, et utilisé cette recette de pâte le weekend suivant dans les Vosges, pour faire une quiche aux blettes avec ma mère et ma soeur.

J’ai maintenant l’intention de tenter une version sucrée, probablement pour une tarte à la rhubarbe avec la belle rhubarbe de jardin que j’ai rapportée.

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Granola paléo

La première fois que j’ai entendu parler du régime paléo, le concept m’a paru tellement farfelu (manger comme un homme des cavernes ? mais pourquoi diable ?) que je l’ai très vite rangé dans la catégorie des lubies nutritionnelles bizarroïdes, et je n’y ai plus pensé.

Et puis je suis retombée sur des articles qui en parlaient, venant de sources qui ont ma confiance, et lu plusieurs discussions bien argumentées sur la quantité excessive de glucides — provenant essentiellement des céréales et du sucre — que contient le régime occidental typique, et les effets que ça a sur la santé.

Cette prise de conscience m’a conduite à créer cette recette de granola paléo, une option particulièrement savoureuse et satisfaisante quand je veux commencer ma journée sans céréales.

Si le terme paléo ne vous dit rien — on en parle beaucoup aux Etats-Unis, mais en France ça commence tout juste — permettez-moi de vous expliquer l’idée. Selon la théorie « paléo », notre système digestif, qui est l’aboutissement de 2 millions années d’évolution, n’a pas eu le temps de s’adapter aux changements radicaux survenus dans notre alimentation depuis que les humains ont inventé l’agriculture il ya dix mille ans (invention qui marque le début du néolithique), et encore moins à ceux qui se sont succédé à un rythme étourdissant sur les trois dernières générations.

Pour une santé optimale, et le plus souvent motivés par des préoccupations de santé particulières, les mangeurs paléo décident de se nourrir d’aliments de saison, complets et non transformés, dans l’esprit de ceux qui s’offriraient à l’homme paléolithique, qui chassait et pêchait pendant que sa femme cueillait.

Concrètement, cela revient à se concentrer sur les fruits et les légumes, les fruits à coque et les graines, les viandes et les poissons élevés et pêchés de façon durable — une proposition bien plus judicieuse que ce que l’image de l’homme des cavernes peut suggérer à première vue. (Comme Michelle Tam l’explique dans son très sympathique Nom Nom Paleo et la section Paleo 101 de son site, il faut voir l’homme des cavernes comme une sorte de mascotte, pas un modèle pour une reconstitution historique.)

Comme je ne suis ni médecin, ni une pro de la nutrition, mon point de vue à ce sujet est tout à fait pragmatique : j’ai examiné ma propre façon de m’alimenter, et bien que les aliments industriels et les calories vides ne soient pas un problème dans mon cas, j’ai dû reconnaître que j’ai un penchant naturel pour les féculents — et pour les dérivés du blé en particulier.

Et lorsque j’ai modifié la composition de mes repas pour essayer d’en consommer moins, voire pas du tout, les effets sur mon énergie et sur la façon dont je me sens en général ont été extrêmement convaincants. Mon but n’est pas de devenir paléo, mais simplement de garder à l’esprit que je me sens mieux si j’évite de manger des féculents — même venant de « bonnes » céréales bien complètes comme il faut — à chaque repas.

Cette prise de conscience m’a conduite à créer cette recette de granola paléo, une option particulièrement savoureuse et satisfaisante quand je veux commencer ma journée sans céréales.

Je le déguste avec des fruits et du yaourt fait maison à partir de lait cru de vache ou de lait de chèvre que j’achète en magasin bio. A vrai dire, les yaourts au lait animal ne sont pas paléOK, donc si vous voulez suivre les règles à la lettre, mangez-le plutôt avec du lait de coco ou mieux encore, du yaourt de coco.

Est-ce qu’on servait du granola dans les grottes de Lascaux ? Les historiens sont divisés, mais en attendant, il me convient très bien.

Participez à la conversation !

Avez-vous déjà entendu parler du style d’alimentation paléo, et qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de glucides, et fait des essais dans cette direction ?

Ma sublime cuillère à granola Earlywood.

Ma sublime cuillère à granola Earlywood.

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