On ne peut pas dire que notre printemps soit exemplaire, au vu des températures glaciales et des jours de pluie dont il nous gratifie. Et dans un pays qui adore (qui a-dore !) se plaindre du temps, on atteint des records de jérémiades.
En général, j’évite soigneusement ce genre de discussions — quoi de moins constructif que de s’apesantir sur un sujet auquel personne ne peut rien ? — ou alors je dis oui oui en pensant à autre chose si vraiment il faut que je participe. Mais là, même moi je suis bien obligée de reconnaître que ce mois de mai ressemble à s’y méprendre à un mois de novembre.
Ce qui est chouette avec le pot-au-feu, c’est qu’on peut le proposer en deux services : d’abord le bouillon, avec des herbes fraîches et du pain frais, puis la viande et les légumes, avec encore un peu de bouillon, de la moutarde forte et des petits cornichons.
Et pour essayer d’harmoniser le temps qu’il fait avec le temps qu’il devrait faire, j’ai décidé de faire un pot-au-feu de printemps. Il allierait le réconfort du grand classique hivernal avec la fraîcheur des premiers légumes nouveaux, ceux-là même qui ont courageusement réussi à pousser en dépit des conditions météorologiques déplorables : petites carottes, mini-fenouils, petits pois et pommes de terre nouvelles.
Pour un pot-au-feu vraiment réussi, il faut faire cuire la viande loooooongtemps — quatre heures, c’est juste bien — et il faut le préparer la veille : ça laisse aux saveurs le temps de se développer, et donne l’opportunité de dégraisser le bouillon, ce qui donne un plat plus digeste et plus fin.
Dans le pot-au-feu classique, on met le plus souvent des poireaux, des carottes, des navets, du céleri-rave, des pommes de terre, et parfois du chou, et on les ajoute à la viande en train de cuire jusqu’à ce qu’ils deviennent très tendres. Dans ma version, comme les légumes que je voulais utiliser allaient cuire vite, j’ai commencé par faire cuire la viande avec les parures de légumes que je garde au congélateur — verts de poireaux et autres tiges de fenouil — afin de produire un bouillon savoureux dans lequel cuire mes petits légumes de printemps à la dernière minute.
Une des plus chouettes particularités du pot-au-feu, c’est qu’on peut le proposer en deux services : d’abord le bouillon, avec des herbes fraîches et du pain frais, puis la viande et les légumes, avec encore un peu de bouillon, de la moutarde forte et des petits cornichons*.
En principe, le pot-au-feu est plutôt un plat que je ferais pour des invités, mais cette fois-ci j’ai décidé de le préparer juste pour nous, avec de la bonne viande fermière achetée via Ruche qui dit oui!. On en a tiré trois divins dîners pendant une semaine particulièrement chargée, où nous étions bien contents d’avoir nos repas du soir prêts en un clin d’oeil. (Et je précise pour ceux d’entre vous qui auraient de jeunes enfants à nourrir que mon fils d’un an a a-do-ré. Nous l’avions rarement vu manger avec autant d’enthousiasme.)
* On peut même insérer un service supplémentaire en cuisant des os à moelle (un tronçon par personne) dans le bouillon pendant 30 minutes, et en les servant avec du pain grillé, après le bouillon et avant la viande, saupoudrés de fleur de sel et de poivre du moulin. On peut aussi cuire les os à moelle 25 à 30 minutes au four à 200°C.