Il y a deux ans, j’ai rencontré une jeune anglaise appelée Poppy — rien que ça, j’étais enchantée — spécialiste du chocolat cru.
J’ai goûté ses chocolats en forme de coeur, qu’elle élabore à partir de cacao Arriba cru et de superfoods tous plus crus les uns que les autres, et j’ai tellement aimé que j’y ai consacré l’une de mes chroniques dans ELLE à table.
Et quand nous nous sommes retrouvées un jour pour qu’elle me montre ses prouesses de chocolatière, elle m’a donné un sachet du granola cru au sarrasin qu’elle servait lors des brunchs crus qu’elle organisait alors chez Bob’s Juice Bar à Paris.
Je ne me verrais pas me convertir au crudivorisme, mais j’admire l’inventivité culinaire qui se révèle sous de telles contraintes, et j’adore découvrir les préparations complètement nouvelles qui en résultent.
Si l’apparition répétée de l’adjectif cru vous intrigue, permettez-moi de vous expliquer rapidement : aux yeux des crudivores, adeptes d’une « alimentation vive », les ingrédients d’origine végétale perdent le gros de leur intérêt nutritionnel lorsqu’ils sont chauffés au-delà d’une certaine température — le seuil exact varie selon l’expert auquel vous vous adressez, mais c’est aux alentours de 40-46°C. Donc ils centrent leur alimentation (généralement végétalienne) sur les fruits, légumes, graines, et fruits à coques crus, et sur les graines, céréales et légumineuses germées.
Comme je l’ai déjà écrit, ce type d’alimentation anti-conformiste éveille grandement ma curiosité. Je ne me verrais pas me convertir au crudivorisme — j’aime trop le pain et le comté — mais j’admire l’inventivité culinaire qui se révèle sous de telles contraintes, et j’adore découvrir, et goûter, les préparations complètement nouvelles qui en résultent.
Surtout quand elles sont aussi fantastiques que le granola cru de Poppy. Lorsque je lui ai demandé comment elle le préparait, j’ai été toute déçue d’apprendre qu’il fallait un déshydrateur alimentaire — ce qui ne faisait pas partie de mon arsenal — et j’ai un peu regretté d’avoir descendu le sachet aussi vite.
Deux ans plus tard, me voici en possession provisoire d’un déshydrateur qui m’a été gentiment prêté. Ma première envie ? Vous aurez deviné.
J’ai écrit à Poppy pour lui demander des détails, et même si elle m’a indiqué qu’elle n’avait pas de recette à proprement parler, elle a pu m’expliquer la méthode, somme toute assez simple : on fait tremper* des graines de sarrasin, ainsi que des amandes et/ou autres fruits à coque et graines, on mélange le tout avec du miel, des épices et du sel, et hop, on déshydrate.
J’ai suivi ses instructions en faisant au chic pour les quantités des différents ingrédients, et en ajoutant un peu d’huile de noix de coco parce que j’avais envie. J’ai lu que l’on pouvait aussi faire germer le sarrasin — comme dans ces vidéos (en anglais) — et j’essaierai peut-être la prochaine fois, mais ça marche parfaitement sans cette étape supplémentaire.
C’est tout à fait étonnant comme le mélange initial un peu gluant — le sarrasin devient une chose visqueuse après trempage — se transforme radicalement en pépites croustillantes et délicieuses : le parfum de sarrasin est léger, ce qui me convient bien, et cohabite à merveille avec les amandes, le miel et les épices pour former un équilibre gourmand et délicat.
Comme je préfère manger du pain au petit déjeuner, je réserve mon granola cru pour le goûter, mélangé avec des fruits frais et du kéfir (fait maison, c’est encore plus facile que les yaourts).
Je crois que je le préfère même aux granolas cuits au four, dont je suis pourtant friande, et même si j’hésite encore à m’offrir mon propre déshydrateur, cette recette le justifierait peut-être à elle seule.
* L’intérêt du trempage est expliqué ici.