La courge spaghetti est une courge d’hiver à la peau jaune clair ou vert pâle, dont la chair a la propriété particulière, une fois cuite, de s’effiler en petits brins tendres, à peu près de l’épaisseur d’un spaghetti.
J’ai fait sa connaissance lorsque j’habitais aux Etats-Unis, au début des années 2000. C’était alors la grande mode du low-carb diet — le régime sans glucides — et ses adeptes vantaient cette innocente cucurbitacée comme l’ersatz idéal pour remplacer les spaghetti interdits.
Il fallait sans doute une solide dose d’auto-persuasion pour y croire, et la plupart des gens devaient être cruellement déçus. J’ai toujours trouvé ça triste et injuste pour la courge spaghetti, qui mérite quand même un emploi plus glorieux que d’être la doublure lumière d’un plat de pâtes.
En effet, c’est une courge d’hiver à la saveur subtile et pas trop sucrée — ce qui plait à ceux qui trouvent le potiron et ses confrères vaguement écoeurants — et dont la texture aérée donne une impression des plus agréables en bouche, comme mousseuse.
Certaines recettes suggèrent de cuire la courge spaghetti au micro-ondes, mais je n’en ai plus dans ma cuisine, donc je la fais rôtir au four — une méthode qui est d’ailleurs préférable, puisqu’elle permet d’accentuer le goût de la chair et de faire évaporer un peu de son eau, ce qui lui évite d’être trop aqueuse. Il suffit alors de gratter la chair avec une fourchette, et là, c’est magique, on voit apparaître les fameux filaments.
Dimanche en fin d’après-midi, alors que je me demandais ce que j’allais faire de ma courge, un petit brainstorming sur Twitter m’a donné plein d’idées : Kim en fait des galettes un peu comme des galettes de pommes de terre, avec des oignons nouveaux, du gingembre et de la sauce de soja ; Anna en met dans sa soupe de tomate ; Yasmin l’assaisonne de pesto et d’huile pimentée; Michelle recommande cette recette ; Ariane suggère une sauce au beurre noisette et à la sauge ; Lucy la cuisine en lasagnes, en alternant les couches avec des épinards, de la ricotta, et une sauce tomate aux lentilles d’inspiration marocaine.
Evidemment, au final, j’ai improvisé avec ce que j’avais sous la main : une tranche de poitrine fumée qu’il fallait utiliser, un bol de noix du jardin de la soeur de notre voisin, et le reste de la mozzarella que j’avais achetée pour faire une pizza aux cèpes avec les champis capturés en forêt jeudi dernier (voir ci-dessous).
Tous ces ingrédients me soufflaient très distinctement l’idée d’un gratin. J’ai donc fait rôtir la courge spaghetti, disposé la moitié de la chair dans un plat, ajouté une couche de lardons sautés et de morceaux de noix, mis l’autre moitié de la chair par dessus, et surmonté le tout de fines tranches de mozzarella et de chapelure pour que ça croustille. Quelques minutes sous le grill du four, et le dîner était prêt.
On a mangé ça en plat principal, ce qui laissait de la place pour une lichette de tatin au caramel au beurre salé qui restait du dîner de la veille, mais on pourrait tout à fait servir ce gratin en accompagnement, en particulier pendant les fêtes.