Quoi faire au lieu d’une détox : Démarrer l’année avec plus de douceur

Janvier s’éveille depuis quelques jours à peine, et déjà vous êtes assailli de messages promouvant les régimes et autres détox.

Vous êtes sans doute un peu beaucoup tenté. On le serait à moins : l’injonction est omniprésente, et vous vous sentez saturé par tous ces repas festifs. Mais il y a plus d’une façon de gérer cette période post-fêtes, et j’aimerais proposer une alternative à l’auto-flagellation.

Au lieu de plonger à corps perdu dans la culpabilité collective, l’écoeurement de vous, la honte diffuse, la restriction alimentaire, les cures plus ou moins fantaisistes, et l’inévitable retour de bâton qui s’ensuit, pourquoi ne pas consacrer ces ressources considérables de temps, d’énergie et de jus de cerveau à faire la paix avec la nourriture et avec votre corps.

C’est assez révolutionnaire.

Parmi les gens assez passionnés par la nourriture pour lire des blogs de cuisine — voire même en créer un — je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup dont le rapport à l’alimentation est parfaitement insouciant. D’ailleurs, je pense depuis longtemps que la majorité des blogueurs culinaires démarrent leur blog en partie pour mieux comprendre cette relation particulière ; c’est en tout cas vrai pour moi.

Et ça n’a rien d’étonnant. Nous vivons dans des sociétés profondément obsédées par le corps, qui érigent en modèle des standards impossibles avec lesquels nous nous débattons. Les enjeux économiques de cette insatisfaction chronique sont majeurs.

C’est vrai aux États-Unis, société que je connais assez bien et qui influence qu’on le veuille ou non le monde entier, et c’est presque plus insidieux chez nous : la femme française doit en plus composer avec sa réputation internationale de minceur et d’élégance, naturelles et sans effort. Mais pour dire les choses tout à fait simplement : je ne me souviens pas d’un seul moment de ma vie, passé l’âge de huit ou neuf ans, où j’ai été parfaitement satisfaite de mon corps et de mon apparence. Ça me donne le vertige. Et vous ?

Cette obsession et ses conséquences prennent des formes différentes selon les cultures, mais ce sont des schémas de pensée si profonds, si intériorisés, que peu d’entre nous en ont consicence, et les remettent en cause.

Je suis de plus en plus consciente de tout ça depuis un ou deux ans — dans la façon dont j’habite mon propre corps, et dans mon environnement, à la fois sur Internet et dans la vraie vie. La body positivity* et l’amour de soi sans condition** sont des idées radicales qui me séduisent infiniment.

The Illusionists : Un documentaire sur le marketing de la beauté inaccessible.

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Et pour incarner à mon tour le changement que je souhaite voir dans le monde, je vous propose ces quelques réflexions sur la tentation de la détox, et comment résister au matraquage permanent auquel vous serez exposé aujourd’hui, pendant tout le mois de janvier, et à longueur d’année, qui vous dit que vous n’êtes qu’une somme d’imperfections à gommer, à corriger, à masquer, à réparer.

Au lieu de ça, je vous dis :

OUI, vous pouvez simplement constater que les fêtes sont (aussi) une histoire de nourriture, et que selon votre cercle familial et votre histoire personnelle, vous avez probablement mangé plus que ce dont vous aviez besoin ou même envie.

OUI, vous pouvez être en paix avec les choix imparfaits que vous avez faits.

OUI, vous pouvez être à l’écoute des signaux de votre corps après cette période plus abondante que d’habitude. Vous pouvez manger de façon attentive (la plupart du temps), respecter vos sensations de faim (la plupart du temps) et vos signaux de satiété (la plupart du temps).

OUI, vous pouvez privilégier les aliments qui font chanter vos papilles et vous font vous sentir bien et plein d’énergie (plutôt que vertueux). Pour beaucoup de gens, ce sera une cuisine simple, fraîche et colorée — c’est-à-dire 99% des recettes que vous trouverez par ici — mais c’est à vous de sentir ce qui est bon pour vous.

NON, la quantité de kale que vous mangez et le nombre de frites que vous ne mangez pas n’ont absolument aucune incidence sur votre valeur en tant que personne.

OUI, vous gagnerez à développer votre connaissance de vous-même pour mieux vivre vos émotions. Méditation, podcasts et livres inspirants, psychothérapie… à vous de voir. Mais l’idée est de gagner en clarté sur les vraies difficultés que vous rencontrez dans votre vie. La nourriture n’est jamais le vrai sujet ; ce n’est qu’un symptôme.

Et si vous vous aimiez sans condition

ADMETTONS que vous puissiez opter pour une détox ou un régime d’exclusion MAIS SEULEMENT pour essayer de démêler votre relation avec certains aliments, pour identifier des sensibilités alimentaires, ou tenter de résoudre des problèmes digestifs. Même dans ces conditions, attention attention, ce n’est jamais anodin.

Et clairement NON si la cure ou la détox est une façon détournée, et plus ou moins acceptable socialement, de restreindre votre alimentation, ou de vous punir pour les « mauvais » choix que vous auriez faits. Vous seul pourrez faire la différence ; essayez d’être honnête avec vous-même.

OUI à la détox des réseaux sociaux : cesser de suivre ou de lire ceux dont la vie mise en scène vous donne l’impression de ne pas être à la hauteur. Pendant que vous y êtes, ne renouvelez pas votre abonnement aux magazines qui ne montrent qu’un type de corps unique. Exposez-vous fréquemment à des images de personnes normales, de toutes les formes et de toutes les couleurs, et soutenez des magazines féminins éclairés comme Causette ou Bust.

OUI vous pouvez changer de sujet de conversation quand on parle régime autour de vous, et vous pouvez vous abstenir de juger les autres sur ce qu’ils mangent et ce à quoi ils ressemblent. (Comme par magie, vous arrêterez de vous juger sur ce que vous mangez et ce à quoi vous ressemblez.) Vous pouvez aussi prendre l’habitude de remarquer (sans forcément commenter) quelque chose qui vous plaît chez les personnes que vous croisez : le noeud d’un foulard, l’inflexion d’un sourire, le staccato d’une démarche… Ça rend la vie tellement plus jolie.

OUI, vous pouvez trouver une façon de bouger qui est joyeuse et vous est agréable (pas juste pour souffrir).

OUI, vous avez le droit de vous présenter au monde tel que vous êtes, sans vous excuser, sans vous conformer, parce que vous êtes déjà super comme ça. Vraiment.

Rien de tout ça n’est facile. Être bien avec soi-même est tellement à contre-courant ! Il faut du temps et des efforts, quotidiens et délibérés, pour s’affranchir de décennies de conditionnement, surtout quand on vous en remet une couche tous les jours. Mais je suis convaincue qu’on y arrive, et quand on est passé de l’autre côté, on a envie d’y rester : la lumière ici est magnifique, et on respire tellement mieux !

Partager, lire, écouter

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Et pour aller plus loin, je vous recommande les livres et podcasts suivants. Ce mouvement de body positivity est pour le moment peu représenté en France, donc à l’exception du premier livre, j’ai surtout des resources en anglais ; n’hésitez pas à en ajouter dans les commentaires si vous en connaissez des francophones.

* La « body positivity », c’est un mouvement qui encourage chacun à considérer son corps et celui des autres avec assurance et bienveillance, en célébrant la diversité, pour être mieux avec soi-même et en meilleure santé, physique et émotionnelle.

** Quand on parle de s’aimer, ou d’aimer son corps, il ne s’agit pas d’amour romantique ni d’amour passionnel, ce qui pourrait paraître narcissique ou irréaliste. On parle ici du genre d’amour qu’on pourrait avoir pour son enfant, pour un frère, une soeur, un ami cher : un amour profond, plein de tendresse et d’indulgence, et surtout sans condition.

Ce billet a été publié pour la première fois en janvier 2017 et mis à jour en January 2018.

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