J’ai attendu huit ans avant d’écrire ce billet.
Il y a huit ans, Maxence et moi avons passé un week-end à Londres chez des amis. Le soir de notre arrivée, Zoe nous a fait des lasagnes et une belle salade verte, qu’elle a mélangée à l’aide de deux magnifiques instruments en bois en forme de pattes d’ours à quatre griffes.
Si on avait été dans un dessin animé, on aurait vu mon regard se visser de façon hypnotique sur ses mains, et des spirales blanches et rouges me sortir des yeux. « On trouve ça où ? » ai-je demandé, en espérant que je pourrais en rapporter de Londres. « Ah, les griffes d’ours ? C’est un cadeau qu’on m’a fait aux Etats-Unis, » a-t-elle répondu. Si on avait été dans un dessin animé, on aurait vu le ballon de mes espoirs se dégonfler avec le bruit élégant que font les ballons quand ils se dégonflent, puis tomber au sol, petite chose de caoutchouc informe.
Enfin bon. Ça ne m’a pas empêchée de passer un excellent weekend, et j’ai cessé de penser aux griffes d’ours.
Et puis, huit ans plus tard, me voilà au Canada — à Stratford, en Ontario, pour être précise — pour un court séjour. Le premier jour, en me baladant dans le centre-ville, je me trouve nez à nez avec l’ustensile de mes rêves à travers la vitrine d’une boutique spécialisée dans les objets d’art et d’artisanat canadiens.
N’en croyant pas mes yeux, je me précipite à l’intérieur, et je m’offre une paire de griffes d’ours.
Les bear claws sont fabriquées par la marque Kootenay Spoons en Colombie-Britannique, la province la plus à l’ouest du Canada. Inventées au milieu des années quatre-vingt, elles sont toujours fabriquées à la main, dans un beau bois de bouleau nourri à l’huile de noix (c’est un peu la classe).
J’ai maintenant eu quelques occasions d’utiliser mes griffes d’ours à la maison, et je suis plus que ravie de ce souvenir canadien : elles sont particulièrement agréables à manipuler, et j’apprécie la sensation de contrôle qu’on ressent quand on a les mains au plus près de la nourriture. Pour être plus près, il faudrait mélanger la salade avec les mains, et même si certains le font, j’ai toujours détesté avoir les doigts couverts de vinaigrette.
En plus des salades, le petit dépliant suggère d’utiliser les griffes d’ours pour mélanger les plats de riz et de haricots, retirer les pâtes de la casserole (les pâtes longues, j’imagine), égoutter les légumes cuits, et soulever un rôti avant de le découper.
Comme tous les ustensiles en bois (hum hum), les griffes d’ours ne doivent pas être mises au lave-vaisselle. Il faut les laver à l’eau savonneuse, et les frotter à l’huile d’olive ou de noix de temps en temps pour entretenir le bois.
Et vous, vous avez déjà vu ou utilisé des couverts comme ceux-ci ? Qu’en avez-vous pensé ?
Note: Kootenay Spoons a une boutique Etsy sur laquelle ils vendent leurs bear claws et d’autres ustensiles en bois. Ils n’indiquent que les frais d’expédition pour les Etats-Unis, mais si vous êtes intéressé, ça vaut sans doute la peine de leur demander s’ils accepteraient de faire un envoi vers l’Europe.