D’une façon générale, à l’apéro, je m’en tiens à des préparations relativement légères, souvent des dips végétaux d’ailleurs, que je sers avec des bâtonnets de courgette crue ou sur des rondelles de concombre. L’idée, quand les amis arrivent pour le dîner, vraisemblablement affamés, c’est d’apaiser leur faim temporairement avant de se mettre à table, et non pas de les caler jusqu’au lendemain soir.
En revanche, s’il s’agit d’un apéro dînatoire, éventuellement ponctué par un petit tournoi de SingStar, là, on peut faire plus consistant. C’est même plutôt conseillé, si on ne veut pas que lesdits amis se jetent sur le premier kebab venu en retournant vers le métro en fin de soirée.
C’est donc pour une soirée de ce type que j’ai concocté ces croustilles* au fromage, adaptées d’un livre de cuisine du sud des Etats-Unis, The Lee Bros. Southern Cookbook. A l’origine, il s’agit des cheese straws (pailles au fromage) repérées sur le blog de Deb, Smitten Kitchen, mais les pailles, ça me paraissait un peu fastidieux, alors j’ai opté pour la méthode dite slice-and-bake, technique au nom malheureusement intraduisible qui consiste simplement à faire un boudin de pâte qu’on tranche avant de cuire au four les rondelles ainsi produites.
Dans mon cas, j’ai obtenu des sortes de demi-lunes — ou plutôt des premiers quartiers de lune — parce que j’ai formé un gros boudin de pâte que j’ai ensuite coupé en deux.
Ce fut un succès indubitable : la texture est délicatement croquante au premier abord, mais devient friable sur la langue, libérant une saveur délicieusement beurrée/fromagée suivie d’un soupçon de paprika fumé. Et comme les tranches de pâte sont toutes d’épaisseurs un peu différentes — sauf si vous êtes une sorte d’androïde équipé d’un couteau — chaque croustille présente sa propre teinte de brun-doré et son propre degré de cuisson, si bien qu’il est assez difficile de s’arrêter (« allez, un petit bien cuit pour terminer, non allez, plutôt un jaune d’or en fait, mais c’est mon dernier »).
Je n’ai pas encore essayé, mais je suis à peu près sûre que la pâte doit très bien se congeler, de sorte qu’on peut en garder une réserve sous la main, à trancher et cuire en cas d’invitation impromptue.
* J’aime bien le terme « croustille » utilisé comme un nom. C’est désuet et charmant, ça fait campagne, on s’imagine grignoter ça avec un petit verre de vin de paille à la main, dans le fond du jardin, en regardant le ciel rosir.