Figue + Chocolat

Figue + Chocolat

Peut-être vous souvenez-vous de la glace à la figue évoquée dans ces pages au début de l’automne. En quête de figues séchées pour épauler la saveur de mes figues fraîches — les toutes dernières de la saison — je me suis vu répondre que mon magasin bio était en rupture de stock, en attendant la nouvelle récolte. C’était somme toute logique — il faut bien laisser aux figues le temps de sécher — mais je dois avouer que je n’avais jamais réfléchi plus que ça à la saisonnalité des fruits secs.

Deux semaines plus tard à peine, alors que je faisais la queue au petit stand du marché des Batignolles où j’achète mes noix et toute cette sorte de chose, une affichette proclamait, « Figues séchées, nouvelle récolte! » Au-dessous, un carton de figues séchées dites baglama*, originaire de Turquie, liées les unes aux autres à la vie à la mort par une ficelle nouée autour de leurs cous.

Séchées, oui, sans doute, mais encore belles, souples et rebondies, à faire blêmir de honte les vieilles choses ratatinées qu’on nous refourgue habituellement. C’étaient les spécimens les plus éclatants de santé que j’aie jamais vus, et je n’avais nul besoin de l’échantillon de dégustation aimablement proposé pour savoir que je ne repartirais pas sans ma guirlande de figues.

Tout comme les pruneaux de Bourgogne que j’aime tant, ces figues sont trop bonnes pour être cuisinées : il vaut mieux les savourer seules — voire seul(e) — en les ouvrant en deux avec les doigts pour découvrir la chair et les graines**. Ou bien, et c’est ma gourmandise préférée du moment, avec un ou deux carrés de chocolat au piment rapporté de Londres.

C’est tout simple, mais je ne m’en remets pas. Le sucre brut de la figue, la fine amertume du chocolat, la chaleur douce mais tenace du piment, la rencontre du moelleux, du croquant et du granuleux — je ne vois pas bien ce qu’on peut attendre de plus de la vie en général.

* Bien que l’on m’ait indiqué que c’était le nom de la variété, il semble que le terme baglama fasse plutôt référence à la méthode de séchage, bağlama signifiant entre autres choses « lien » ou « noeud » en turc (que les turcophones n’hésitent pas à confirmer ou infirmer). C’est aussi le nom d’un instrument à corde dont la forme n’est pas sans rappeler celle de la figue.

** Botaniquement parlant, me dit-on, ce sont ces graines qui sont les véritables fruits, retenus dans cette prison charnue que l’on appelle « figue ».

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